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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 22:07

L

undi, je vous parlais de l’occasion - qui sera probablement manquée - de rebondir après la tempête du 24 janvier. Selon les derniers chiffres publiés par La Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA), elle va maintenant coûter aux assurances entre 1,0 et 1,4 milliard. Je vous suggère d’allez voir un reportage intéressant (premier lien hypertexte du courriel). Vous y trouverez tous les ingrédients de la réussite d’un projet passionnant dans le sud-est du Portugal qui n’est pas si loin des Pyrénées et du pays basque : une centrale solaire, des équipements sur des écoles, une usine de panneaux solaires qui a créé 500 emplois. On y trouve un exemple édifiant d’un renversement de la logique centralisée – qui est l’une des causes de la fragilité du système de distribution électrique français - vers une autonomie au niveau d‘une commune ou d’un groupe de communes. Le rêve quoi ! Sauf qu’il s’agit bien d’une réalité. C’est très excitant et ça change de la colère consternante de Madame Laurence Parisot affirmant qu’"on fabrique de l'appauvrissement quand on fait grève toute une journée". Je croyais que nous avions un problème de surcapacité et je croyais aussi que le droit de grève était inscrit dans la constitution en France? Elle nous conseille de traiter la crise comme une tempête c'est-à-dire comme une fatalité causée par les éléments alors que la crise a des responsables bien humains encore assez grassement payés malgré leurs responsabilités écrasantes dans le désastre actuel (Cf. La grosse colère de Barak Obama contre les ténors de Wall Street et le bras de fer sur les bonus des dirigeants du gouvernement français). Dans les colonnes de la Tribune, Peter Gumbel - grand reporter pour Fortune et Time – de retour de Davos rapporte le cas d’un industriel posant une question dévastatrice : "dans tous les autres secteurs de l'économie, ceux qui fabriquent et distribuent des produits toxiques sont sévèrement punis et parfois mis en prison, dit-il. Pourquoi cela n'est pas le cas dans la finance ?" Il a cru rêver aussi en entendant Indra Nooyi, PDG de PepsiCo, s’écriait "dans le capitalisme, il y une ligne très fine entre le simple profit et la cupidité.". Si ce n’est pas du cynisme de la part de cette dirigeante d’un des symboles du capitaliste merchandiseur, c’est du masochisme ahurissant! Philippe Herlin, chercheur en finance (on se demande ce qu’il pourrait bien trouver mais c’est un autre sujet…), publie aujourd’hui dans les colonnes du même journal un article sur la crise financière qui est aussi "une crise des concepts, de ses méthodes, notamment du calcul du risque" (deuxième lien hypertexte du courriel). On pourrait s’agacer de cette tautologie mais il n’est jamais trop tard pour en prendre conscience et ne pas retomber dans les schémas qui ont conduits à la faillite actuelle du système. Il se réfère à un ouvrage clé de Benoit Mandelbrot publié en 2004 "Une approche fractale des marchés" (Editions Odile Jacob). Certains d’entre vous, amateurs d’art ou de mathématiques, connaissent peut-être Benoît Mandelbrot, ce mathématicien franco-américain qui est l’inventeur des fractales. Sa théorie n’est pas nouvelle puisque le modèle d'évolution des cours de la bourse basée sur la géométrie fractale date de 1961 ! Cette théorie financière a l'avantage de mieux prédire la survenue des variations extrêmes, ce que ne permet pas l'usage de l'analyse technique basée sur la théorie de Charles Dow qui, malgré son grand âge, reste encore en vigueur chez beaucoup d’analystes. Philippe Herlin nous invite à changer "notre façon de penser la finance. Et vite" Une réflexion vient inévitablement après ce brillant plaidoyer du chercheur. Comment se fait-il qu’un domaine aussi important que la sécurité financière ne fasse pas l’objet de toutes les attentions des autorités et que la recherche dans ce domaine ne soit pas aussi développée par exemple que dans celui de la sécurité nucléaire qui procède de principes d’isolations, de contrôles stricts et plein d’autres méthodes de contrôle souvent systémiques qui pourraient utilement être adaptées par des financiers s’ils avaient seulement le sens des responsabilités à la place de l’avidité méprisable qui les habite trop souvent.

Patrice Leterrier

4 février 2009


Redécouvrir Benoit Mandelbrot en période de turbulences

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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 21:40

Anil Ambani

L

'industriel indien Anil Ambani, qui dirige Reliance Power, une filiale du groupe d'énergie Reliance Energy fondé par son père Dhirubhai Ambani, sixième fortune mondiale, a perdu 30 milliards de dollars ces derniers mois à cause de la crise financière. Il ne lui en reste plus "que" 12, ce qui ne le classe évidement pas dans la catégorie des Rmistes. Son frère Mukesh Ambani, l’homme le plus riche du monde, héritier d’un empire industriel Reliance Industries, Lakshmi Mittal - qui fait parler de lui en France avec la rancœur des ouvriers d’ArcelorMittal de Gandrange (Moselle) qui ont élevé un stèle aux promesses non tenues de Nicolas Sarkozy - et Kushal Pal Singh patron du groupe Delhi, Land & Finance, premier promoteur immobilier en Inde, ont chacun perdu plus de 20 milliards de dollars cette année. Au total, les pertes de ces quatre Indiens réunis s'élèvent à 100 milliards de dollars. Le scandale de l’escroc américain Bernard Madoff aurait fait trois millions de victimes dont probablement Liliane Bettencourt. Je sens qu’un sentiment de compassion est en train de vous envahir devant ces pauvres riches qui se sont fait grugés comme des enfants par des espoirs de gains - sans rapport avec la réalité de la croissance des richesses mondiales - promis par des banquiers totalement enivrés par la magie apparente de leurs martingales redoutables. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà que l’on apprend que madame Liliane Bettencourt âgée de 86 ans, actionnaire principal de L'Oréal, est sous le coup d’une enquête lancée par le parquet de Nanterre qui a sollicité un expert en vue d'un "avis médical complet" dans l'enquête sur des dons pour près d'un milliard d'euros qu'elle a accordés à un photographe. On voit aussi avec tristesse la zizanie qui règne entre le père d’Astérix accusé ou presque de sénilité par sa fille et son gendre depuis le rachat par Hachette de 60 % de la maison d'édition Albert-René. Vraiment entre les pertes abyssales provoquées par la crise, les soupçons de sénilité que font peser les héritiers sur certaines vieilles personnes pleines aux as, on peut vraiment se dire c’est dur dur d’être riche aujourd’hui….Et pendant ce temps vraiment si difficile pour ces pauvres riches, certains ont l’impudence de se plaindre des conséquences de la crise sur leur pouvoir d’achat et même pour une partie d’entre eux du risque de perdre tout trivialement leur emploi ! Il ne s’agit évidemment pas de prendre prétexte de ces flagrants déséquilibres pour justifier n’importe quelles mesures démagogiques pour panser les plaies de nos concitoyens. Mais il y a face à ce dérèglement général de l’ordre du monde économique, des signaux peut-être symboliques -mais au fond les symboles ça compte aussi-envoyés par Barak Obama : d’abord sa colère contre les bonus exorbitants des privilégiés de Wall Street et ensuite sa volonté de plafonner les gains des patrons des entreprises qui auraient bénéficié de l’aide de l’état américain. Cela ne résoudra pas malheureusement les effets de la crise mais cela peut au moins tenir lieu de guillotine morale symbolique pour arrêter le scandale de vautours sans foi ni loi construisant leurs fortunes sur leurs échecs et sur la misère du monde.

Patrice Leterrier


4 février 2009

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 21:47

Social et économique


I

l y a en France un véritable débat idéologique qui oppose les mots social et économique. Le sens mythique de l’adjectif "social" est un problème qui semble typiquement français et du domaine de l’inconscient collectif. Le Larousse consacre presqu’une demie colonne à sa définition ce qui prouve, s’il en était besoin, son caractère protéiforme. Celle qui devrait s’appliquer le mieux au débat est "qui vise à l’amélioration des conditions de vie et en particulier des conditions matérielles des membres de la société". Le Larousse, dans sa grande sagesse œcuménique, ne parle pas de certains membres mais de tous les membres rendant ainsi la définition bien difficile à mettre en œuvre par l’état que l’on appelle souvent Providence. La Providence, sagesse suprême, dont nous savons malheureusement qu’elle est souvent comme la justice aveugle, reste généralement aussi sourde aux cris d’orfraie poussés par ceux à qui on demande des efforts de solidarité pour atténuer l’injustice faite à d’autres. En première approximation la définition du Larousse n’est applicable, puisque l’entropie s’applique à l’économie, qu’en augmentant la masse des richesses à redistribuer c'est-à-dire en investissant pour créer de l’activité ou en prenant dans la poche des uns pour donner aux autres, une sorte d’état Robin des Bois….La deuxième manière est évidemment beaucoup plus rapide dans son effet mais n’est généralement qu’un marché de dupes car elle a des effets désastreux sur le dynamisme des "lésés" et se traduit généralement par une perte de compétitivité et donc encore moins de richesses à distribuer. La recette serait donc de prendre dans la poche des capitalistes et singulièrement des banquiers dont on sait qu’ils sont la source de tout le malheur du bon peuple puisqu’il n’y a plus de nobles à guillotiner en France…Et d’ailleurs, lorsqu’on a le malheur de mettre en avant les limites de l’État Providence, il ne manque pas de voix scandalisées pour rétorquer qu’il a déjà joué à madame la Providence auprès de banques et dans une certaine mesure des constructeurs automobiles. Le hiatus, souvent entendu dans les manifestations, c’est cette difficulté à comprendre que l’argent promis en garanti, ces prêts ou ces prises de participation ne sont pas des "cadeaux" du pouvoir régalien mais bien des mesures de protection de la banque ou de l’industrie automobile française au profit en premier des français. Certes certains banquiers américains, qui vont se vautrer dans le luxe insolent de palace californien après avoir reçu l’aide de l’état, ne facilitent pas la compréhension de ces actions. Mais le plus grave, me semble-t-il, c’est que le discours simpliste d’un extrême gauche ou de certains syndicalistes irresponsables qui consistent à monter la colère du bon peuple contre ces affreux capitalistes qui dilapident notre argent – avec des accents "dix sept cent quatre vingt neuviens" pour ceux qui rêvent encore d’un grand soir – est aussi largement relayé par le parti socialiste ou un François Bayrou - qui devrait prendre sa carte au parti socialiste pour régler ses ambigüités un peu indécentes en ces temps de crise. On pourrait s’attendre à un peu plus de tenu et à un peu moins de démagogie devant la gravité de la situation de la part d’un parti, certes encore en ruine, mais qui devrait porter l’espoir d’à peu prés la moitié des français. La situation aujourd’hui est explosive parce que, même si les français sont aptes à comprendre que la seule solution durable et efficace pour sortir de la crise est dans l’investissement, il n’en reste pas moins que la situation économique de certains d’entre eux devient insupportable. Il va donc falloir doser savamment des mesures d’urgence dans l’esprit du RSA et un puissant plan de relance basé sur l’investissement. On peut s’interroger sur l’ampleur du plan, par exemple souligner l’absence des mesures incitatives à l’investissement pour les particuliers notamment dans les économies d’énergie qui sont pourtant créateurs d’emplois à cours terme dans un domaine qui reste porteur. Il est peu probable que le discours de Nicolas Sarkozy calme les inquiétudes, pourtant reconnues par lui comme légitimes, des français sans lâcher un peu de lest et sacrifier à l’orthodoxie économique pour satisfaire l’inconscient collectif social. Puis-je, sans porter atteinte à la puissance des beaux esprits qui l’entoure, lui suggérer de méditer deux maximes de Machiavel : "Les hommes prudents savent toujours se faire un mérite des actes auxquels la nécessité les a contraints" et "rien n'est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d'espérer".

Patrice Leterrier


3 février 2009

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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 21:51

L

a tempête qui s’est abattue sur le sud ouest de la France a révélé une fois de plus l’extraordinaire centralisation des sources énergétiques en France et son corollaire qui est l’extrême sensibilité du réseau de distribution à la fureur des éléments. Voilà un argument de plus pour sortir de la dépendance du tout nucléaire et de son centralisme inquiétant. Voilà qui pourrait donner, au moment de la réparation des dégâts que les assurances chiffrent entre 600 millions et 1 milliard d’euros, un coup d’accélérateur à l’installation de piles photovoltaïques dans une région généralement inondée par un soleil généreux (en témoigne la centrale solaire de Font Romeu). Daniel Lincot, dans la revue Pour la Science de Janvier 2009, nous apprend que "chaque mètre carré de sol reçoit entre 0,8 mégawattheure par an en Finlande et 2,9 au Sahara (1,3 en moyenne en France). Cela représente entre 80 et 290 litres d'équivalent pétrole : c'est considérable. L'énergie solaire reçue par la Terre chaque année représente environ 10 000 fois la consommation énergétique mondiale". Il affirme que d’ici 10 à 15 ans l’électricité photovoltaïque sera compétitive avec les autres sources traditionnelles. Les piles photovoltaïques ne posent pas de problème environnemental comme les éoliennes. Elles peuvent même être totalement intégrées comme élément architectural et dans ce cas elle donne d’ailleurs droit à des primes d’installation. L’électricité photovoltaïque produite est rachetée entre 5 et 6 fois le prix facturé par EDF. En cette période où l’activité est en chute libre et où on nous annonce, que pour le seul mois de décembre 2008, 45 800 nouveaux chômeurs sont venus s'inscrire sur les listes, portant le nombre total de chômeurs en France à 2 114 300, le développement de l’industrie photovoltaïque a créé près de 70 000 emplois en Europe dans ce domaine en quelques années (dont 40 000 en 2007 !). Le gouvernement s’agrippe - avec quelques raisons - sur la relance par l’investissement comme la seule véritablement créatrice de croissance durable. Il y aurait sur ce sujet l’occasion d’un nouveau coup de pouce à des créations d’emplois porteurs d’une meilleure intégration environnementale et sur un marché qui connait une croissance sans commune mesure avec l’apathie ambiante. On pourrait aussi diminuer la dépendance des usagers aux immenses portiques, les bras écartés comme des épouvantails, qui défigurent nos paysages pour transporter le courant jusqu’aux foyers les plus reculés. Nous admirons, bien sûr, l’abnégation et le courage des "hommes au service des hommes" qui réparent les lignes à haute tension dans des conditions souvent épouvantables, mais au fond ne serait-il pas préférable de moins dépendre d’eux ? Bien sûr le photovoltaïque n’est pas une solution miracle avec un bilan carbone aujourd’hui moins bon que le nucléaire, une certaine inadéquation puisqu’il fournit le plus d’énergie quand il fait chaud, des coûts d’entretiens non nuls, etc. Surtout, il ne prend tout son sens que dans une démarche cohérente c'est-à-dire si les mesures d’isolation et d’économie d’énergie de base sont d’abord prises. Mais malgré les objections, c’est possible aujourd’hui, ce sera évident dans 10 ans et les dégâts de la tempête donnent peut-être l’occasion de changer de logique. Et puis qu’a-t-il de plus durable sur cette bonne vieille terre que les rayons du soleil?

Patrice Leterrier

2 février 2009

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 21:56

L

es choses sérieuses ont-elles commencé au Proche-Orient? Après les voyages éclairs, les rencontres à grand renfort de presse et de petites phrases assassines, quel changement de style avec Barack Obama! D'abord, dés sa première journée à la maison Blanche, le nouveau président américain a appelé personnellement tous les leaders de la région (le premier ministre israélien, le président de l'Autorité palestinienne, le président égyptien, le roi de Jordanie, etc.). Il a fixé les lignes pour un apaisement de la tension : arrêt des tirs de roquettes par le Hamas contre Israël, mais aussi fin du blocus de Gaza, avec une réouverture du point de passage de Rafah frontalier de l'Égypte, qui laisserait passer les biens et les personnes, mais qui mettrait fin à la contrebande des armes destinées au mouvement islamiste. Et puis il y a eu la nomination de George Mitchell, "célèbre dans notre pays et à travers le monde pour son talent de négociateur" et "fully empowered at the table" selon les termes du président lui-même c'est-à-dire émissaire plénipotentiaire. Ce fils d'une immigrante chrétienne libanaise, âgé de 75 ans, ancien sénateur démocrate du Maine de 1980 à 1995 avait joué un rôle-clé comme intermédiaire dans le processus de négociations qui a mis fin, en 1998 au conflit centenaire en Irlande du Nord à l’époque de l’administration Clinton. Et l’homme s’est tout de suite distingué par sa discrétion réservant ses propos à ses interlocuteurs pour ne pas créer de dérapage irrémédiable dans ce délicat jeu qui consiste à ne pas attiser un feu que les extrêmes des deux bords ne songent qu’à rallumer. Il a déjà rencontré des responsables israéliens, palestiniens et égyptiens et doit se rendre dimanche à Riyad dans le cadre de ses entretiens destinés à consolider la trêve dans la Bande de Gaza. Il a aussi pris soin – et c’est un fait symbolique fort de la nouvelle orientation de la diplomatie américaine - de rencontrer le diplomate en chef de l'Union européenne (UE), Javier Solana,  qui a confié que M. Mitchell était dans la région "pour entendre ce que nos alliés dans la région ont à dire sur le meilleur moyen de progresser non seulement dans la stabilisation de la situation à Gaza mais aussi dans l'approche à long terme sur une solution à deux Etats", Israël et la Palestine. Certains ont peut-être suivi l’altercation à Davos entre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président israélien Shimon Peres. Le dirigeant turc voulait intervenir après un plaidoyer enflammé de M. Peres sur l'intervention israélienne à Gaza. Avant de quitter la salle, en annonçant qu’il ne reviendrait probablement pas, il a reproché au public d'avoir applaudi l'intervention du président israélien. "Je trouve très triste que des gens applaudissent parce que beaucoup de gens sont morts. Je pense qu'ils ont tort d'applaudir des actions qui ont tué des gens" et en s’adressant en ces termes à Shimon Peres "je pense que vous devez vous sentir un peu coupable. C'est pourquoi vous avez parlé si fort". Cet incident est une illustration de plus de l’extrême tension qui règne dans la région. Le temps presse pour entamer des véritables négociations sans déclaration fanfaronne, sans condamnation inutile et contreproductive et avec une véritable volonté d’aboutir. A la suite de nouveaux tirs de roquettes de provocation dans le sud d’Israël par des extrémistes palestiniens qui n’ont pas fait de victime, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a prévenu dimanche qu’Israël allait réagir de "façon sévère et disproportionnée". Le terme "de façon disproportionnée" en dit long sur les intentions d’un gouvernement sous la pression d’une échéance électorale. Ces déclarations en tout cas ne laissent rien préjuger de bon pour la suite même si on ne peut que condamner les provocations incendiaires de ceux qui veulent pirater la négociation en tirant des roquettes provocatrices.

Patrice Leterrier

1 février 2009

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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 22:03

U

ne question angoissante taraudent les esprits : A quand la fin de cette crise dont les dégâts ne cessent de s’aggraver jour après jour? Une citation de Pierre Dac- grand philosophe français maintenant devant l’éternel –me vient pour m’ôter toute velléité de tenter de répondre à cette question. C’est un chef d’œuvre de concision et de bon sens : "Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir !". Rien n’est bien sûr plus redoutablement illustré par la situation actuelle ! Aujourd’hui, des cohortes de prévisionnistes de tout bord s’échinent dans des explications soigneusement emberlificotées à nous convaincre que la situation était inévitable - ils osent même après coup et sans la moindre pudeur l’adjectif "prévisible" -, vu la bulle immobilière, vu la sophistication des produits, vu la titrisation galopante, etc, etc, etc. L’ennui, c’est que ce sont les mêmes qui n’ont rien vu venir! A Davos, dans un climat qui ressemble à celui d’un enterrement, les experts des milieux autorisés, comme disait Coluche, ont du mettre en berne, bien à contrecœur, le drapeau de la suffisance et l’étendard de la toute puissance économique. Ils n’avaient que quolibets et ricanements dédaigneux pour les propos de Peter Schiff, lorsque ce financier diplômé de Berkeley, maintenant célèbre, décrivait autrefois en détail ce qui nous arrive aujourd’hui. Il ose dire maintenant que la seule solution pour les américains est de changer de mode de vie, de cesser de vivre à crédit comme s’il n’y avait pas de lendemain, de revenir à une économie fondée sur la vraie production de valeur, pas sur la spéculation. "Elémentaire", mais hérétique, "mon cher Watson !", s’écrient en haussant les épaules les milliers de Sherlock Holmes économistes bien pensants qui ne veulent à aucun prix révéler cette vérité pourtant bien à propos au bas peuple. Ils sont semblables aux inquisiteurs condamnant Galilée en 1633. Il leur faudrait renoncer à leur rêve de la toute puissance du Dieu argent sur l’économie que l’on qualifie quelquefois de réelle comme pour exorciser la puissance de la finance en la renvoyant à un référentiel virtuel…Peut-on tenter pour répondre à la question, une citation de Patrick Sébastien "le bout du tunnel n'est pas loin: pour le voir il suffit de se retourner" ? Mais celle qui me paraît le plus à propos est toujours  de mon maître Pierre Dac: "Les leçons ne servent généralement qu'à ceux qui les donnent". Voilà qui est dit et qui me ramène à une revigorante modestie, qui ne devrait jamais nous quitter, quant à la portée supposée de nos propos. Mais que les quelques lecteurs occasionnels de mes propos ne se réjouissent pas trop vite ! Ma modestie - que des esprits malins pourraient qualifier de passagère - n’ira pas jusqu’à interrompre mon addiction éditoriale.

Patrice Leterrier

31 janvier 2009


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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 22:11

O

n a eu droit aux cris de triomphe d’un Bernard Thibault qui joue les matamores devant les caméras de télévision. On assiste encore une fois au ridicule combat, rituel et désespérant, des chiffres entre les pouvoirs publics et les syndicats. Comme si l’exercice de compter des manifestants relevait de la quadrature du cercle alors que l’on nous inonde de statistiques sur n’importe quel sujet comme la longueur moyenne du sexe masculin ou les dimensions idéales de la femme parfaite.  Et,  si l’on en croit les résultats des tests effectués par l’éducation nationale auprès des élèves de CM2,  les choses ne vont pas s’arranger dans ce domaine puisque nos bambins - non contents de ne plus savoir écrire à force de SMS, de jeux vidéo et d’émissions télévisuelles débilitantes - ne savent non plus compter. Martine Aubry demande à Nicolas Sarkozy de céder aux français. La formule est intéressante constitutionnellement. Car enfin,  sans négliger l’importance des manifestations d’hier, on ne peut pas dire que les messages entendus soient d’une clarté évidente même si l’inquiétude domine le paysage. Il y avait les revendications catégorielles des fonctionnaires, sans risque pour leurs emplois,  enseignants en tête qui contestent les orientations de la politique du gouvernement. Il y avait aussi - et c’est nouveau pour les travailleurs du secteur de la haute technologie que l’on n’avait pas l’habitude de voir à de telles manifestations - l’expression d’inquiétudes sérieuses pour les emplois. Il y avait bien sûr les retraités, qui ne perdent pas une journée de travail en manifestant,  étranglés par l’érosion de leur "impuissance" d’achat puisqu’à partir d’un certain niveau il est indécent de parler de "pouvoir" en ce domaine. Alors que veut dire Martine Aubry quand elle demande à Nicolas Sarkozy de céder ? Sans doute de déverser du pouvoir d’achat par des hausses massives de salaire. On se frotte les yeux en regardant désespérément le calendrier pour voir si nous ne sommes pas revenus en 1981 ! Et puis dans les manifestants d’hier, dans ce cortège, somme toute assez représentatif de la situation de crise que nous subissons, des jeunes nous parlaient dignement de   leur immense désespoir.  Je ne parle pas de la jeunesse des banlieues en errance fustigée pour ses violences mais de ceux qui ont fait péniblement des études dans des conditions qui se dégradent  et qui se retrouvent sans perspective. Ces jeunes sont aujourd’hui directement confronter à la concurrence à bas salaire de jeunes hongrois, tchèques, polonais (il n’y pas que des plombiers en Pologne…) quand il ne s’agit pas d’indiens ou de jeunes chinois qui ont reçu des formations au moins équivalentes. Ils sont trop souvent obligés d’accepter n’importe quel travail sans rapport avec les études faites ce qui ajoute encore l’humiliation à la difficulté d’entrer dans la vie professionnelle.  Impossible d’obtenir un logement avec les salaires de misère et le statut précaire qu’ils ont. D’un côté on jette des vieux jeunes sexagénaires en pleine forme et bourrés d’expériences et à l’autre bout on rejette une jeunesse qui est – pléonasme insolent - l’avenir de notre pays. Alors, sans sous-estimer le désarroi et les difficultés des travailleurs menacés de licenciement, sans négliger les inquiétudes de certains fonctionnaires, une société qui ne saurait plus accueillir ses jeunes et garder ses talents est en grand danger de sombrer dans la cohorte des pays à la traine du progrès. L’honneur d’un pouvoir politique n’est pas de "céder" mais bien de se focaliser sur l’intérêt commun, sur la res publica.

Patrice Leterrier

30 janvier 2009


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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 22:15


 

C est notre difficulté depuis tant d’années à réduire le taux et la durée du chômage qui explique la crainte des Français face à l’avenir". Ces propos sont ceux du candidat Nicolas Sarkozy. Certes le contexte n’a plus rien à voir avec celui qui prévalait lorsqu’il les tenait. Certes il n’avait pas, plus que d’autres, prévu la crise qui frappe le monde. Elle a détruit en 2008 2,6 millions d’emplois aux USA. Lundi, on pouvait lire dans la presse "73 000 postes supprimés en un seul jour dans le monde…Tous les secteurs de l'économie sont touchés: les banques, les télécoms, l'informatique, le bricolage, l'électronique". La sinistrose gagne tous les médias et chacun y va de sa couche pour finir de nous désespérer un peu plus. Les plus malins voire les plus hypocrites - ou plus probablement les plus remplis stupidement de leur suffisance pitoyable - y vont de leur "je vous l’avais bien dit". Les nostalgiques des idéologies se réjouissent de ce qu’ils appellent "la mort du capitalisme". Les gourous de tous bords - qui décidément ont tous les culots malgré le désaveu cinglant subi par leurs anciennes prévisions – se lancent dans des élucubrations des plus abracadabrantesques. Mais il reste la détresse des français de plus en plus nombreux confrontés à l’érosion de leur pouvoir d’achat et la menace de perdre leur emploi. Jeudi la grève, qui aura lieu à l’appel des syndicats, aura comme thème dominant la défense du pouvoir d’achat et de l’emploi. Un sondage organisé par le journal Libération révèle que 69 % des français sont favorables à cette grève (46% disent "soutenir" et 23% "avoir de la sympathie" pour les grévistes). On peut bien sûr s’indigner, comme le fait Yves de Kerdel dans sa chronique du Figaro d’aujourd’hui, du fait que "cette grève nationale va non seulement gêner de manière scandaleuse ceux qui s’échinent à faire en sorte que le pays ne sombre pas davantage dans la récession, mais peser sur l’activité économique du pays". On peut aussi condamner les propos honteusement démagogiques d’une Marie-George Buffet qui a trouvé le remède miracle pour sortir de la crise en déclarant sans se démonter que "la première des urgences est de suspendre les licenciements". Même monsieur de la Palice – célèbre pour des propos qu’il n’a jamais tenus(*) - n’aurait pas trouvé plus belle évidence pour stopper la montée du chômage! La grève sera probablement largement suivie mais elle doit être d’abord comprise comme un signal d’angoisse, un appel à l’action. La crise est là et il ne faudrait pas que les hommes politiques responsables – il en reste - laissent des apprentis sorciers, seulement préoccupés par leur popularité et prêts à mettre le feu aux poudres, détourner les français de la dure réalité en leur faisant miroiter des lendemains qui chantent. Pire encore, il ne faudrait pas qu’ils abandonnent, par désespoir ou lassitude, les efforts de créativité et d’innovation qui seuls peuvent nous faire sortir par le haut du marasme ambiant. Shimon Pérès nous rappelle que "les optimistes et les pessimistes meurent de la même manière mais vivent différemment".

Patrice Leterrier

27  janvier 2009


 

(*) Les soldats du maréchal Jacques II de Chabannes dit Jacques de La Palice, qui trouva la mort lors du siège de Pavie en 1525, lui écrivirent une chanson pour célébrer son courage qui finissait par "Hélas, s’il n’était pas mort, Il ferait encore envie"

 

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 15:55

 

Galilée devant ses juges


M

onseigneur Richard Williamson, l’un des quatre évêques intégristes dont l’excommunication a été levée par le pape Benoît XVI, a déclaré à la télévision suédoise "Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz (…) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz". Il est évidemment nécessaire de revisiter l’histoire en permanence à la lumière des découvertes. C’est la grandeur de l’historien de remettre en cause les idées reçues lorsqu’elles se trouvent contredites par des faits nouveaux, des découvertes qui les éclairent d’un nouveau jour. Mais comment expliquer le négationnisme, que l’on aurait tendance à accueillir d’un haussement d’épaule tellement il apparaît d’abord comme stupide? Aveuglement? Certes non! Le négationnisme est une posture qui n’ignore pas les faits avérés qu’il conteste. Une posture pour envoyer aux oubliettes l’insupportable vérité? Pas très efficace sur des esprits libres et éclairés car la provocation conduit en fait à l’effet inverse de celui escompté : elle fait parler encore plus des horreurs que le négationniste nie, ne serait-ce que pour leur donner encore plus d’acuités pour effacer l’opprobre de ce déni. Le négationniste se drape dans une attitude méprisante et un air supérieur pour ignorer les travaux des historiens qui s’échinent à lui démontrer son erreur. S’agit-il pour lui d’atteindre ainsi, par provocation obscène, une célébrité dont son absence de talent le prive à jamais ? S’agit-il d’un antisémitisme primaire nourri par une haine viscérale du juif? S’agit-il d’une incapacité à concevoir et à imaginer la réalité horrible? Ce qui est sûr c’est que le négationniste est une personne à idée fixe, que l’on aurait tendance à considérer comme atteint d’un trouble mental plutôt que de le prendre au sérieux. Il ne s’agit pas d’explorer la vérité mais d’inventer une vérité en conformité avec son rêve, une sorte d’acte magique qui s’écarte du réel pour solidifier un idéal inaccessible. Un décrochage avec la réalité au service d’une doctrine. C’est l’inverse de l’approche scientifique, de la démarche expérimentale, si chère à Claude Bernard, qui met les idées à l’épreuve des faits : le négationniste soumet les faits à la censure de ses idées fixes. Il y a dans son attitude une analogie certaine avec la tradition de la théologie traditionnelle de l’église. Souvenons-nous de Galilée qui remettait en cause sur la base de l'observation et de l'expérience les théories orthodoxes géocentriques et qui fut condamné en 1633 par l’inquisition à la raison sa thèse était "naïve et absurde en philosophie, et formellement hérétique en tant que contredisant explicitement le sens de nombreux passages des Saintes Écritures". Le négationnisme se drape souvent dans sa certitude avec le sourire entendu de l’initié qui contemple le pauvre monde aveuglé par ces énergumènes qui s’agitent pour lui démontrer son erreur. La liberté de pensée qu’il réclame n’est pas pour entretenir la saine polémique indispensable pour confronter les idées mais pour s’autoriser à nier l’expérience, les faits, pour imposer une doctrine. Le négationniste est un fossile d’un autre temps qui ne mérite pas qu’on s’attarde sur ses divagations. Mais lorsqu’il revêt la soutane violette, l’aube, la chasuble, l’étole, qu’il porte la calotte et arbore la crosse, il peut troubler des esprits fragiles impressionnés par son prestige de guide. Il déshonore certainement son église qui ne se grandit pas avec cette polémique.

Patrice Leterrier

26 janvier 2009


 

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 16:00


F

aut-il parler de la pirouette peu crédible de Ségolène concernant la copie dont elle aurait été victime de la part de Barak Obama? Elle affirme aujourd’hui que c’était "à une question amicalement provocatrice d’un des journalistes que j’ai répondu de façon humoristique!". Chacun peut juger du procédé qui consiste à accuser, même indirectement, le journaliste d’avoir déformé sinon ses propos du moins son intention. Le journaliste en question, Sylvain Cypel, du Monde, explique quant à lui n'avoir "personnellement pas perçu la réponse de Ségolène Royal comme étant de l'humour". Il ajoute "Je peux évidemment m'être mépris, mais la précision sur le fait qu'elle 'assume' m'est apparue confirmer ma perception". Je pense aussi que l’on peut aussi passer sous silence l’odieuse agression dont aurait été victime Jacques Chirac de la part de son féroce chien Sumo, un bichon maltais dont la taille ne dépasse pas 25 cm et le poids plafonne vers 4 kg! Il n’y a non plus pas de vraie raison de s’attarder sur le record de détritus que les services de nettoiement de la capitale américaine ont récolté à l’issue de la cérémonie d’investiture de Barak Obama. Je préférerai saluer le geste hautement symbolique du nouveau Président qui annonce la fermeture d’ici un an de Guantánamo, site honteux de non droit pour ce grand pays.  Mais la vraie nouvelle à sensation dont je souhaite vous entretenir aujourd’hui, c’est la décision du tribunal de Nanterre de débouter le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) dans son action contre la société titulaire de la marque Banania pour non-respect d'un accord sur la fin du slogan publicitaire "Y'a bon". L'association accusait cette société de ne pas respecter un protocole d'accord signé début 2006 avec le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais (Collectif Dom), qui consacrait l'abandon du slogan "Ya bon" jugé dévalorisant pour les Noirs, bien que la formule -inventée en 1915 pour vanter les mérites de la boisson chocolatée- ne soit plus utilisée depuis 1977. Ainsi donc le familier tirailleur sénégalais qui était jugé par le collectif "insultants pour les personnes de couleur noire" doit disparaître alors que son image avec celle de la vache qui rit, le bibendum de Michelin, le célèbre dubo, dubon, dubonnet, l’ineffable trio des peintres Ripolin peignant leur dos, le terrifiant cracheur de feu des cataplasmes Vaillant et bien d’autres encore ramènent certains d’entre nous à l’époque nostalgique où les réclames ne s’appelaient pas encore la publicité et où certains d’entre nous, dont je faisais parti, collectionnaient des buvards réclames que l’on s’échangeaient, selon une bourse codifiée, dans les cours de récréation. Bien sûr l’image du tirailleur n’était pas, au premier degré, très flatteuse pour les performances grammaticales du personnage, mais sa bonne bouille illuminée par un immense sourire était familière aux gamins qui voyaient leurs mères plonger parcimonieusement une cuillère dans la boite en fer blanc et en extraire la quantité juste suffisante pour donner ce bon goût de chocolat à notre petit déjeuner de l’époque. Je ne suis pas très sûr que le combat mené par le Mrap à l’initiative du collectif des Antillais soit vraiment un combat essentiel. C’est un peu une image de notre enfance qui s’en va avec cette disparition programmée mais après tout il faut vivre avec son temps et cultiver plutôt l’espoir que la nostalgie!

Patrice Leterrier

22 janvier 2009

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