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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 12:39

 

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L

es politiques français ont l’habitude de parler des problèmes par périphrases.

Parfois c’est drôle comme par exemple la petite phrase de Najat Belkacem, adjointe au Maire de Lyon : "Il ne faut pas que le PS se laisse électrocuter par ses courants".

Mais le plus souvent c’est une stratégie pour noyer le poisson.

Ainsi il n’y a pas d’aveugle dans notre pays mais des non-voyants, pas de sourd (à part les hommes et femmes politiques devant le désarroi de leurs concitoyens) mais des malentendants, pas d’handicapé mais des personnes à mobilité réduite ou à quotient intellectuel faible, pas de cancéreux mais des patients atteints d’une longue maladie, pas de pauvre (sauf prés de 2 millions de français) mais des gens à faible pouvoir d’achat.

Et voilà que Zorro - alias Frédéric Lefebvre l’auteur d’un ouvrage au titre racoleur le mieux est l’ami du bien (enfin auteur partiel si on en croit la quantité de passages copier/coller) a trouvé le mieux - c'est-à-dire le remède miracle - pour nourrir ces pauvres gens bien incapables de faire seuls leurs achats.

Tout le monde sait que la pauvreté est synonyme d’indigence mentale et d’ailleurs comme dirait un énarque il faudrait n’avoir personne au dessous de la moyenne…

Ce miracle s’appelle le panier des essentiels, lancé comme une nouvelle marque de dentifrice devant les caméras de nos chaines de télévision par notre Zorro de la consommation.

Il était franchement assez écœurant de voir les regards goguenards des patrons de la grande distribution trop heureux de l’aubaine qui leur est donnée de faire oublier leur difficile combat contre le hard discount et l’étouffement des petits producteurs qui n’ont pas de Zorro gouvernemental pour les soutenir !

Il fallait bien cette initiative pour éduquer les personnes à faible pouvoir d’achat qui autrement ont tendance à acheter n’importe quoi quand il s’agit de se nourrir.

Des fois qu’ils aient envie d’autre chose que de l’essentiel ! Il ne faut pas exagérer quand même après ils viendront se plaindre de ne pas avoir assez pour mettre un peu de gasoil dans la vieille guimbarde qu’ils n’ont pas pu changer même avec la prime à la casse….

Et puis d’ailleurs leurs poubelles roulantes n’aura plus le droit de rouler dans Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Paris, Saint-Denis, Bordeaux, Nice et Aix-en-Provence parce que la ministre de l’écologie en a décider ainsi pour purifier l’air des grandes villes.

C’est tellement plus important que de nous dire comment on envisage la politique énergétique de la France, le deuxième pays nucléaire derrière les États Unis (et le premier en pourcentage), après la catastrophe déjà presqu’oubliée de Fukushima.

Il est vrai que nos dirigeants ont d’autres chats à fouetter avec ces immigrés qui viennent prendre les paniers des essentiels des pauvres français.

Le drame c’est qu’à force de prendre nos concitoyens pour des demeurés incultes, ils finissent par crédibiliser les discours des extrémistes de tout bord qui ont beau jeu de brandir leurs solutions miracles pour régler les problèmes bien réels et quotidiens des français.

Comme disait l’inspecteur Antoine Bourrel : Bon sang mais c’est bien sûr ! Il suffit de prendre l’argent des riches et de virer tous ces étrangers pour retrouver la prospérité dans notre beau pays de cocagne !


Patrice Leterrier

9 Avril 2011

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 22:59


"I

l n'est pas besoin de grand débat sur la République, sur l'identité nationale. Il est simplement nécessaire de faire vivre les principes qui sont les nôtres: liberté, égalité, fraternité".

Ainsi s’exprimait aujourd’hui Dominique de Villepin devant près d'un millier de membres de son club politique, le Club Villepin, réunis à la Maison de l'Amérique Latine à Paris.

Oublions-nous trop vite que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac n’est pas seulement l’ennemi intime de notre président, ni le contestable acteur plus ou moins passif de la ténébreuse affaire Clearstream ?

Il est aussi celui qui s’exprimait avec force le 14 février 2003 au nom de la France sur l’Irak avec une étonnante prémonition du désastre à venir en ces termes : "l'option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la face : cela sera long et difficile, car il faudra préserver l'unité de l'Irak, rétablir de manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par l'intrusion de la force".

Il rappelait en quelque sorte et avec une certaine élégance les valeurs de la république, les droits de l’homme et la liberté devant l’assemblée générale des nations unies.

Alors quand on supporte un tel héritage de liberté, un tel legs de tolérance et d’ouverture au monde, pourquoi cette volonté exprimée par le ministre Eric Besson, fils de Marie-Thérèse Musa, d'origine libanaise et d’un pilote-instructeur pour l'armée française mort en vol trois mois avant sa naissance, de relancer un débat qui réveille les pires pages de l’histoire récente et encore douloureuse d’une France divisée ?

Ce débat n’est-il pas en fait et sournoisement une interrogation en creux ?

Ne s’agit-il pas de définir l’identité nationale pour mieux exclure ceux qui ne rempliraient pas la liste forcément limitative de critères à satisfaire pour pouvoir y prétendre ?

Et ce débat n’est-il pas aussi plus bassement encore un prétexte pour relancer la polémique sur le port de la burqa, somme toute marginale dans notre beau pays de cocagne, comme pour mieux siphonner les voix du Front National selon l’expression de Laurent Joffrin.

Le ministre prend tout de même le temps et juge opportun d’affirmer qu'elle était "contraire aux valeurs de l'identité nationale". "On peut débattre sur l'opportunité de la loi […] mais sur les principes il n'y a pas de débat : la burqa est inacceptable et contraire aux valeurs de l'identité nationale." ?

Ne s’agit-il pas, d’une façon contestable, de déplacer le débat, de cristalliser une urticaire plus ou moins viscérale pour masquer la vanité d’un débat sur l’identité nationale, le transformant en une polémique sur l’exclusion, une controverse digne de Valladolid pour définir ce que n’est pas l’identité nationale plus que sur la tâche impossible de tenter d’expliquer ce que cela signifie autrement que, comme le rappelle opportunément Dominique de Villepin, une adhésion à des valeurs universelles ?

Dans une lettre à Rober Poehlen Victor Hugo écrivait déjà "Pour moi, l'idée de nation se dissout dans l'idée d'humanité", sublime intuition de la vanité d’un repli frileux, d’une peur psychotique de l’autre, celui qui n’est pas comme nous, porteur de sa propre tradition, de son histoire ni pire ni meilleure que la notre mais dont nous ne pouvons que nous enrichir.


Patrice Leterrier

27 Octobre 2009

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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 13:28


M

encius, penseur chinois ayant vécu aux alentours de 380-289 av. J.-C, élève d'un disciple du petit-fils de Confucius, a écrit : "Ceux qui s'avancent trop précipitamment reculeront encore plus vite".

Ernerst-Antoine Sillière de Laborde, alors qu’il présidait le Medef, avait ajouté à cette puissante maxime, dans une interview au journal le Monde le 26 juillet 2002, cette phrase surréaliste "Avant, on avançait dans la mauvaise direction ; maintenant, on recule dans la bonne" dont on ne peut savoir s’il s’agit d’humour au nième degré ou d’une pirouette cynique.

Aujourd’hui le jeune fils de Nicolas Sarkozy et de Marie-Dominique Culioli peut surement méditer la pensée de Mencius mais je ne suis pas sûr qu’il puisse faire sienne la seconde.

En entrant tout de même au conseil d’Administration de l’Epad, sa reculade ressemble plus au "I came out of Bataan [Presidency] and I shall return"(1) prononcé par le général Douglas Macarthur le 20 Mars 1942. On sait qu’il tint promesse !

Ce n’est pas tant le fait de sa jeunesse qui soit en cause dans cette affaire. Après tout, on ne peut que se réjouir que des jeunes citoyens s’intéressent enfin à la chose publique.

Ce n’est pas tant qu’il soit le fils du président qui le disqualifie pour avancer vite dans une carrière politique.

Personne ne s’indigne de voir ces fils et filles d’acteurs célèbres faire plus facilement carrière que d’illustres inconnus probablement aussi voire plus doués qu’eux.

Personne ne s’étonne non plus que la fille de Jacques Delors soit à la tête du Parti Socialiste.

Même si quelques voix s’élèvent contre la nomination de la fille de José Bové à la tête de la liste d'Europe Ecologie en Aquitaine, cela ne devient pas une affaire sauf peut-être dans certains microcosmes politiques.

Après tout Evariste Gallois n’avait que 20 ans et 7 mois lorsqu’il mourut des suites d’un duel et sa contribution aux mathématiques modernes est considérable !

Ce n’est pas non plus son inexpérience qui est vraiment en cause car elle n’est pas plus honteuse ni disqualifiant que l’expérience des seniors que l’on ferraille joyeusement pour laisser la place aux jeunes et aggraver ainsi le problème chronique des retraites.

Non ce n’est pas tous ces facteurs qui ont tant indigné les français mais bien la méthode qui avait toute les apparences d’un népotisme d’état et d’un coup en douce.

La révélation de ce dessein s’est transformée en affaire d’état sous la pression initiale des internautes goguenards et inventifs quant aux arguments chocs pour dénoncer la manœuvre.

Ils ont surtout transformé cet événement en un gigantesque Mdr (mort de rire ou Lol  Laughing Out Loud (2) en anglo-saxon) comme disent les jeunes en langage Sms !

Et du coup quelles ques soient les capacités et le talent du jeune homme, qui ne sont pas en cause n’en déplaise à Laurent Fabius imbu de ses compétences supposées et oubliant qu’il fût un très jeune premier ministre, il devenait évident que sa nomination à la tête de l’Epad (poste bénévole) était une faute politique imputable à son père.

La révolte est d’abord montée spontanément du Web sans mot d’ordre organisé, sans relais de la presse traditionnelle dans un premier temps, sans véritable réaction des politiques de tout bord. Une sorte de "webmocratie" qui a enflammé la sphère internet française.

Ce n’est qu’après que les médias et les politiques aient flairé la bonne affaire pour éviter de parler de choses sérieuses. Le système s’est alors emballé, la cible devenant clairement Nicolas Sarkozy.

Après une fanfaronnade télévisuelle somme toute inutile, le fils du Président a choisi de reculer comme savent si bien le faire les hommes politiques américains et si mal certains des censeurs indignés par cette affaire…

L’affaire étant close, le procès Clearstream touchant à sa fin, le lapsus de Nicolas Sarkozy sur les "coupables" relégué aux oubliettes des gazettes, la polémique sur Frédéric Mitterrand enterrée, les journalistes et les hommes politiques vont pouvoir retourner aux affaires courantes sans importance comme la crise et le chômage, les excès retrouvés de la finance internationale, la grippe A(H1N1)2009, le nucléaire en Iran et, s’ils ont encore quelques secondes de leur temps à y consacrer, la faim dans le monde, les gaz à effet de serre ou encore le Sida et le paludisme en Afrique…

je suis persuadé que ce sinistre inventaire à la Prévert est probablement incomplet et que l’actualité serait en fait mieux illustrée par la chanson célébrissime de Gaston Ouvrad "Je n'suis pas bien portant"…


Patrice Leterrier

24 Octobre 2009

(1) Je suis parti de Bataan mais je reviendrai

(2) littéralement rire à haute voix, sans retenue

 

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 21:34

 

                                                                                           Hernani


"L

es commentateurs, ils commentent. Moi je suis du côté des acteurs, donc j'agis. Leur façon d'agir, c'est de commenter, c'est nécessaire. Ma façon d'agir, c'est d'agir, c'est indispensable, ce n'est pas le même travail".

Ainsi s’est exprimé Nicolas Sarkozy hier lors d'une allocution improvisée devant les salariés de l'aciérie Hachette et Driout.

En fait l’acteur Nicolas n’est-il pas paradoxalement en tenant ces propos le commentateur des putatifs commentaires des commentateurs ?

Le Petit Larousse nous propose pour définir un commentaire "ensemble d'observations, de remarques sur un événement ou une série d'événements, dans la presse, les médias".

Il n’est donc pas interdit de penser que le commentateur commente à juste titre, si ce n’est à bon escient, puisque fondamentalement son droit et même sa raison d’être est justement de commenter.

Par contre il peut exister des raisons de douter que certains acteurs agissent même lorsqu’ils en font la parade parfois ostentatoire.

N’a-t-on pas le droit de s‘interroger sur certains des agissements des acteurs politiques dont ils se flattent un peu hâtivement et même de formuler pire que des commentaires des critiques ?

Dans Hernani (Acte III, 2) on peut lire :

Je suis une force qui va !

Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !

Une âme de malheur faite avec des ténèbres !

Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé

D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.

Mon professeur de philosophie en terminale, jeune prêtre fougueux et brillant intellectuel, ajoutait avec beaucoup de sagacité "Force qui va certes mais qui va où ?".

Et c’est ce "" qui compte dans l’action d’un homme politique, ce "" qui est l’enjeu de ses actes et qui prête forcément à débat dans une démocratie.

Il doit donc s’habituer à ce que le "" mais aussi le "comment", le "combien", le "pourquoi" et même le "quand" soient l’objet de commentaires, de controverses et même parfois de polémiques sans que pour autant sa faculté, son rôle d’acteur ne soit pour autant contesté par ce nécessaire débat d’idées.

Certes il ne semblerait pas inutiles que certains acteurs prennent le temps de la réflexion avant d’agir, abandonnent parfois cette réactivité exacerbée aux événements qui donne une impression brouillonne et surtout qui dégage comme un relent de démagogie populiste.

La science et la politique n’ont pas grand-chose à voir dans leur rapport à la réalité.

Si les découvertes de la science ne prêtent pas à beaucoup de commentaires même si elles réclament souvent beaucoup d’explications, les actions politiques n’ont pas la vertu de vérités révélées que l’on peut asséner sans commentaire.

J’emprunte volontiers à un ami, qui se reconnaîtra peut-être, cette définition: "le fanatique est celui qui a perdu ses objectifs et qui redouble ses efforts".

Sans commentaire et comprenne qui voudra comme disait Georges Pompidou.

Patrice Leterrier

21 Octobre 2009

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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 19:59


 

L

 

es résultats de la votation organisée sur le changement de statut (Oh ! pardon sur la privatisation de la poste…) sont tombés avec un succès plus qu’écrasant du non  (plus de 90%).

Je prétend que c’est nul, archi nul de se livrer à de telles mascarades sur un sujet aussi important que l’avenir d’une institution créée le 19 juin 1464 par le roi Louis XI souvent présenté comme le symbole de l’obscurantisme médiéval et de la tyrannie monarchique et dont la réputation de cruauté fait encore froid dans le dos.

Nulle d’abord la question posée "Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser. Êtes-vous d'accord avec ce projet ?". Comme question fermée, indigne d’un statisticien honnête on ne fait pas mieux ! L’affaire est entendue, les penseurs ont pensé pour vous, inutile de débattre sur le fond du projet, inutile de le présenter puisqu’il n’est qu’une cynique volonté de privatisation rampante, expression favorite d’un Olivier Besancenot.

Nulle la communication d’un gouvernement qui n’explique rien ou qui explique mal et qui nie trop fort qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais d’un changement de statut alors que des précédents comme ceux de France Télécom ou de Gaz de France démontrent combien un changement de statut juridique peut avoir de conséquences sur le fonctionnement et les métiers des salariés.

Nulle l’organisation approximative de cette votation comme le prouve le score digne des pires périodes du stalinisme.

Nulles les postures "paonesques" de certains hommes et femmes politiques à gauche. Ils crient victoire.

Les uns réveillent les vieux démons opposants service public à la réalité déjà largement concurrentielle de la poste (le courrier public ne représente que 15% de son activité).

Les autres rêvent de nouveau de ce grand soir libérateur du capitalisme de nouveau triomphant, alors qu’on l’enterrait il y a encore si peu de temps, et qu’il se moque bien de ceux qui rêvent naïvement de le moraliser.

Nulles enfin les gesticulations de certains à droite criant à l’imposture. Ils semblent faire peu de cas de l’attachement ainsi affiché au service public et singulièrement à la distribution du courrier partout. Ce n’était évidemment pas en cause dans le projet de changement de statut. Le résultat mais surtout l’impressionnante mobilisation doivent évidemment être pris en compte dans la réflexion et le débat qui aurait dû et qui devra être organisé sur ce sujet.

Nicolas Sarkozy avait lancé le 17 septembre 2008, comme préalable à un "débat public" sur l'avenir de la Poste, une commission présidée par François AILLERET, ancien directeur général d’EDF, pour étudier toutes les voies d'évolution du groupe postal. Elle s’était prononcée pour l’ouverture du capital de la poste.

   Peut-on souhaiter que le débat dont parlait le Président est enfin lieu, qu’il soit réel, public et que des enjeux aussi divers que les courriers d’entreprises, l’impact cataclysmique d’internet, l’ambigüité de la banque Postale, l’ouverture de certains services postaux à des commerces de proximité comme les buralistes ou les boulangers puissent être aborder sans que l’on prenne en otage la nécessaire évolution et modernisation de la poste en invoquant la distribution exemplaire du courrier au fin fond du cirque de Mafate à l’Ile de la Réunion ?

La France aime ses postiers ! C’est la meilleure nouvelle de cette consultation mais au fond personne n’en doutait vraiment avant qu’elle soit organisée.

La voie est étroite entre la nostalgie et le réalisme mais rien n’est plus noble en politique que d’expliquer et de faire partager aux citoyens les nécessaires changements à faire faute de quoi on se réveille un matin avec une gueule de bois sociale bien difficile à contenir.


Patrice Leterrier

5 Octobre 2009

 

 

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 19:34


L

es personnes surendettées en France sont aujourd’hui, selon le mensuel l’Expansion, plus de 720 000.

Pour une grande majorité, l’engrenage est presque toujours le même : perte d’emploi, divorce, séparation ou décès du conjoint.

D’autres, essentiellement des jeunes addicts du crédit facile, se laisse déborder en prenant crédit sur crédit puis des crédits pour rembourser leurs crédits etc…

En somme, dans tous les cas l’État (oh pardon ! la personne) a des revenus qui stagnent ou pire qui baissent et pour faire face à ses besoins elle fait appel à l’emprunt (au crédit…).

C’est la même mécanique qui conduit des entreprises inexorablement à la faillite lorsque leurs marchés s’effondrent.

C’est aussi la mécanique à l’origine, avec la baisse corrélative du marché immobilier, de la crise des subprimes qui a entraîné la crise économique dans laquelle nous nous débattons.

On se souvient des craintes de faillite de l’état évoquées par le premier ministre à l’époque où il osait encore ouvrir la bouche.

Certains ont aussi pu remarquer la déclaration du président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, qui s’inquiète avec une certaine gravité que "la France s'approche d'une zone très dangereuse du fait de la dégradation sans précédent de ses comptes publics".

Mais Nicolas Sarkozy et sa plume Henri Guaino n’ont que faire des déclarations de ses cassandres irresponsables.

L’état échappe à cette règle et le temps n’est pas à la rigueur selon eux. Il convient avant tout de catégoriser soigneusement le déficit de l’état pour séparer le bon grain de l’ivraie…

Le bon grain, c’est l’investissement (mot qu’il ne répétera pas moins de 14 fois dans son discours) et l’ivraie c'est-à-dire selon ses termes "les gaspillages, l’excès de bureaucratie, les frais de fonctionnement trop élevés", les dépenses courantes de l’état en quelque sorte. Selon notre président, ce "déficit structurel doit être ramené à zéro par des réformes courageuses". On sait pourtant qu’elles correspondent pour la moitié aux salaires des fonctionnaires, qui sont bien difficile à faire disparaître d’un coup de baguette magique. Ce sont d’ailleurs le plus souvent des sommes bien misérables pour payer des serviteurs zélés de l’état plus victimes des retards pris par leurs administrations que coupables.

L’ivraie c’est aussi le déficit dû à la crise c'est-à-dire à la baisse d’activité qui fait baisser automatiquement les recettes de l’état et à l’augmentation des dépenses sociales. La solution s’imposera lorsque la croissance sera revenue en consacrant une partie du fruit de la croissance à combler ces dettes accumulées.

Pour résumer ce que nous a expliqué Nicolas Sarkozy, c’est que comme la France n’a plus les recettes nécessaires pour les ambitions qu’elle proclame, comme il n’est pas question de revoir les ambitions, il lui fallait emprunter (auprès des institutionnelles ce n’est pas une nouvelle puisque l’état le fait en permanence) mais peut-être aussi auprès des français (avec probablement des conditions attractives c'est-à-dire des coûts hors des conditions actuelles du marché) pour faire face à ses projets.

Nul doute que le retard de la France est criant, nul doute que le chômage est toujours un drame personnel et un fléau social, nul doute que la responsabilité de ce retard n’a pas de camp politique comme l’a rappelé dans un soucis sans espoir d’œcuménisme le Président, nul doute que l’état de nos prisons est une honte, nul doute que le retard pris sur les questions d’environnements est inquiétant, nul doute que le vieillissement de la population n’est pas une nouveauté et qu’il faudra bien en tirer les conséquences, nul doute que la désocialisation et la désespérance d’une partie de notre jeunesse (y compris la racaille..) est un vrai drame national, nul doute que l’exclusion sous toutes ses formes est indigne du pays qui inscrit au fronton de ses édifices publics liberté, égalité, fraternité.

Outre le contenu politique des choix qui seront faits, qui divisera forcément et tout à fait légitimement le monde politique, il reste fondamentalement la question de la méthode choisie qui consiste tout de même à pousser la dette devant nous au risque de devoir faire payer le prix fort aux générations futures.

Le pari est audacieux. Si la reprise est forte et que les investissements entrepris améliorent suffisamment la compétitivité de la France, il pourrait être gagnant.

Il restera tout de même une dette, intérêt et principal, colossale à résorber. Lorsqu’il faudra la rembourser alors que l’on peine déjà à rembourser les intérêts, les créanciers seront peu sensibles à la distinction faite quant à l’usage fait par l’État des euros prêtés.

A moins d’une inflation galopante, d’une augmentation des recettes c'est-à-dire des impôts ou une dévaluation impossible sauf à sortir de l’euro, la tâche risque d’être proche de celle de Sisyphe.


Patrice Leterrier

22 juin 2009

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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 13:57


A

ujourd’hui les sénateurs et les députés ont écouté sagement le Président de la République au Château de Versailles, le très prestigieux symbole du pouvoir absolu.

Il ya bien sûr la question du lieu, hautement symbolique du rapport jamais complètement éclairci des français avec les fastes de l’ancien régime.

On pourrait également parler du coût (entre 400 000 et 600 000 €uros selon le député socialiste Pierre Moscovici) de cette grand-messe.

Mais il y a plus fondamentalement la question du pourquoi de ce cérémonial.

Au lendemain du désastre de Sedan, Adolphe Thiers, nommé "chef du pouvoir exécutif" avait conclu avec une chambre dominée par des royalistes, appelée la "République des Ducs", le pacte de Bordeaux qui l’engageait à ne pas se prononcer sur la forme du futur régime.

Le 31 août 1871, par la loi Rivet, Thiers devint Président de la République française tout en conservant son rôle de chef du Gouvernement.

Le 13 novembre 1872, constatant que "la République existe, qu'elle est le gouvernement légal du pays, vouloir autre chose serait une révolution, et la plus redoutable...", Thiers rompt le pacte de Bordeaux.

En représailles, les monarchistes feront voter, le 13 mars 1873, la loi de Broglie, qui empêche le Président de la République de s’adresser à l’Assemblée nationale autrement que par un message qui ne doit donner lieu à aucune discussion, procédure qualifiée de "cérémonial chinois" par Adolphe Thiers.

Cette disposition sera reprise dans la constitution par la IVème république puis la cinquième.

Depuis le début de la Cinquième République, les députés et sénateurs ont écouté dix neuf fois les messages des différents présidents qui ne donnaient lieu à aucun vote ni déclaration.

La révision de la constitution du 23 juillet 2008, adoptée à une voix prés, prévoit maintenant (article 18) que le Président de la République "peut prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en Congrès. Sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l’objet d’aucun vote". Elle met fin à un archaïsme voulu au départ par des adversaires de la République

Nicolas Sarkozy utilise aujourd’hui pour la première fois cette nouvelle disposition.

Roger Badinter justifiait ce matin sur France Inter la position des socialistes de ne pas participer au débat arguant que les orateurs ne peuvent répondre au Président. Plus polémique François Hollande fustigeait "cette résurgence du discours du trône".

Quant à François Bayrou fidèle à sa stratégie d’être ailleurs (sait-il où ?), il a décidé qu’il quitterait le congrès avant le débat, comme les députés socialistes.
L’argument de l’ancien ministre de la justice de François Mitterrand est curieux venant d’un éminent juriste qui connaît parfaitement la séparation des pouvoirs inscrite dans la constitution actuelle. Elle exclut tout vote sanction du parlement à l’encontre du Président, l’empêchement du Président ne pouvant être constaté que par le Conseil constitutionnel saisi par le Gouvernement.

 

On peut aussi répliquer aux contestataires que la manière antérieure qui consistait à écouter debout un message du Président (sauf celui de Valéry Giscard d’Estaing) n’était pas franchement meilleure dans la forme.

Pierre Avril, constitutionnaliste et professeur émérite de Paris, souligne que "d'un point de vue du droit, cela ne change pas les pouvoirs du Président ou du Parlement. Ca donne une possibilité d'influence plus grande au chef de l'Etat mais en même temps cela permet au Parlement d'être au centre de l'attention."

Il ajoute que "la portée de cette intervention ne tient pas du fait du droit mais de la personnalité même du Président".

Ce qui paraît donc au centre du débat ce n’est pas le fait que le Président s’adresse directement au Parlement comme veulent nous faire croire certains leaders de l’opposition mais bien qu’il y a belle lurette que Nicolas Sarkozy ne joue plus le rôle d’arbitre ni même d’entraineur (ce qui n’est pas choquant lorsque sa majorité est au pouvoir).

Depuis son élection il s’est plutôt comporté comme le capitaine sur le terrain donnant ses ordres, mouillant la chemise dans toutes les actions et reléguant son premier ministre au rôle de simple exécutant des basses œuvres.

De ce fait son intervention ressemble plus à un discours de politique générale d’un chef de gouvernement et biaise ainsi le rôle de contrôle du parlement face à l’exécutif.


Patrice Leterrier

22 juin 2009

(*) Elle désignait à l’époque la réunion du sénat et de la chambre des députés. Depuis les deux chambres réunies s’appelle le Parlement (article 24 de la constitution).

 

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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 21:18


L

es uns sont aux anges n’espérant pas de tels résultats, les autres font grise mine assommés par leurs défaites. Le moindre qu’on puisse dire c’est que les résultats des européennes bousculent les positions politiques en France.

La question qui secoue aujourd’hui les journalistes et les hommes politiques est de savoir si le succès d’Europe Ecologie est un effet secondaire de la médiacratie avec la diffusion d’Home ou s’il ne faut pas plus simplement expliquer le succès de ce reportage par l’intérêt grandissant des français pour l’écologie ?

Peut-être que tout simplement ces résultats récompensent ceux qui ont parlé essentiellement d’Europe et d’écologie pendant cette campagne.

Peut-être aussi, comme le fait remarquer Jean Marie Colombani sur slate.fr "C'est une certaine façon une logique de situation : l'Europe est aux avant-postes des politiques menées contre le réchauffement climatique, comme elle est à l'origine de nombreuses décisions inspirées par le souci de la protection de l'environnement."

Le message que l’on peut aussi lire à travers ce résultat c’est que les français ont enfin pris la mesure des enjeux environnementaux pour l’avenir de la planète c'est-à-dire l’avenir d’abord des générations futures. La maison brûle et les français ont peut-être fini de regarder ailleurs.

Il n’est que temps diront les plus engagés, c’est tout simplement le moment diront d’autres constatant que, malgré le record d’abstentions, la démocratie finit toujours par rejoindre le mouvement de l’histoire.

C’est sûrement grâce à une prise de conscience collective à laquelle, sans enlever aux militants le mérite de leurs actions, les entretiens de Grenelle, les films de Yann Arthus-Bertrand et de Nicolas Hulot mais également les déclarations d’hommes politiques comme Al Gore, de savants respectés comme Hubert Rives et bien d’autres ont forcément contribué.

Cécile Dumas sur le site Science et avenir du Nouvel Obs nous apprend que des petits singes capucins sud-américains utiliseraient de faux cris d’alerte pour faire fuir leurs congénères et récupérer la nourriture. Reste à savoir, conclut-elle, si ce comportement est intentionnel. Autrement dit : profitent-ils des effets de leurs cris d’alarme lancés à tort, peut-être sous l’effet du stress, pour prendre leur part du festin, ou trompent-ils sciemment leurs congénères ?

Il ne faudrait pas que de petits apprentis sorciers, imitant nos cousins simiesques, jouent inconsidérément avec les grands défis environnementaux, écologiques et humains comme la faim dans le monde et les épidémies.

Il ne faudrait pas que voulant s’attirer les bonnes grâces des électeurs ils brandissent comme les singes capucins des dangers imaginaires ou simplement exagérés pour écarter leurs adversaires politiques car alors le souffle si porteur de cette prise de conscience se retournerait contre eux.

Car un autre enseignement de cette élection est incontestablement que lorsque l’on parle directement et sérieusement des questions posées, quand on ne prend pas l’électeur en otage d’ambitions certes respectables mais sans rapport avec l’élection, les citoyens savent dire aux politiques qu’ils veulent que les choses changent et qu’on respecte un peu plus notre bonne vieille terre.

Qui pourrait se plaindre de cette bonne nouvelle ?


Patrice Leterrier

8 juin 2009

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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 18:04


S

elon le Bureau d'Archives des Accidents Aéronautiques de Genève, il y a eu 149 accidents d’avion en 2008 (contre 139 en 2007) et 879 morts (968 en 2007). Ces chiffres sont à comparer avec ceux des accidents de la route qui tuent chaque année dans le monde plus d’un million de personnes et en blessent 40 fois plus avec les conséquences dramatiques que l’on connaît (tétra et paraplégiques, traumatisme cérébraux irréversibles, etc..)

L’accident dramatique de l’Airbus d’Air France aujourd’hui, avec 228 disparus, est le plus meurtrier depuis 2003 (crash d’un Ilyushin II-76 iranien avec 275 victimes). Pour Airbus la dernière catastrophe meurtrière remonte à l’accident d’un Airbus A320 de la compagnie brésilienne TAM Linahs Aereas qui s'était écrasé le mardi 17 juillet 2007 vers 18h50 contre un hangar et un dépôt de carburant après un atterrissage raté à Sao Paulo faisant 187 victimes.

Sur le site de l’Onera (l’Office national d'études et recherches aérospatiales) on peut lire : "les avions de lignes sont foudroyés, en moyenne, une fois toutes les 1000 heures de vol. Ce phénomène est pris en compte dans la conception des avions, dont la structure en matériaux composites constitue un écran imparfait, afin de protéger les commandes électriques de vol et les équipements. Les chercheurs étudient la phénoménologie de la foudre, et les conditions du déclenchement du coup de foudre par l'aéronef".

Les photos d’avions foudroyés confirment en général ces paroles rassurantes d’experts. Nous étions donc nombreux à nous croire en parfaite sécurité, protégés par les découvertes scientifiques de Monsieur Michael Faraday dans les aéronefs ultramodernes qui font la gloire de l’industrie aéronautique européenne.

On voyait les victimes de tels incidents un peu sonnées mais généralement quittes pour une bonne frayeur comme dans l’accident de l’ATR 72 d’Airliner le 7 février dernier à Clermont-Ferrand.

Alors que s’est-il passé pour qu’un avion réputé comme l’un des plus sûrs du monde (aucun crash enregistré dans les 66 accidents les plus meurtriers enregistrés par le BAAA depuis 29 ans) disparaisse sans autre cause que des conditions atmosphériques détestables ?

Le communiqué laconique de la compagnie indique : "L'appareil de type Airbus A330-200, immatriculé F-GZCP, a quitté Rio le 31 mai à 19 h 03 heure locale (00 h 03 heure de Paris). L'appareil a traversé une zone orageuse avec fortes turbulences à 2 heures du matin (heure universelle), soit 4 heures, heure de Paris. Un message automatique a été reçu à 2 h 14 (4h14 heure de Paris) indiquant une panne de circuit électrique dans une zone éloignée de la côte". Ce qui est troublant dans cette affaire c’est que, selon François Brousse, directeur de la communication d'Air France, l'hypothèse la "plus vraisemblable" est que l'Airbus A330 disparu "a été foudroyé". Alors comment croire les experts ?

Bien sûr les incroyables progrès réalisés en matière de sécurité aérienne ne sont pas remis en cause par cet accident puisque, malgré l’augmentation spectaculaire du trafic aérien ces dernières décennies, le nombre d’accidents reste anecdotique au regard du nombre de personnes transportées (même si les crashs sont toujours des drames spectaculaires).

Mais à force de vouloir rassurer à tout prix le public sur la fiabilité des aéronefs modernes ne finit-on pas par éluder les risques, certes minimes mais existants, et se faisant par décrédibiliser l’ensemble des informations sur la sécurité ?

La sécurité est le résultat d’un combat permanent et ne doit pas être considérée comme définitivement acquise pas plus en matière de transport aérien que dans d’autres domaines.

Il y a d‘ailleurs cette détestable tendance des constructeurs à toujours chercher d’abord à mettre les avions hors de cause alors qu’ils devraient plutôt chercher et chercher encore ce qui peut être fait pour éviter de nouveaux accidents. On comprend leur soucis des retombées négatives d’un aveu de culpabilité, mais ne se décrédibilisent pas plus par cette attitude autiste plutôt que de reconnaître qu’ils doivent sans cesse améliorer la sécurité à bord de leurs avions ?


Patrice Leterrier

1 juin 2009

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 15:04

 

D

ans l’indifférence générale s’approche inexorablement la date des élections européennes. Elles s’annoncent comme une gifle magistrale au monde politique, incapable de mobiliser l’électorat sur ce sujet. Selon le dernier sondage de TNS-Sofres 56% des personnes interrogées ne s’intéressent pas à ces élections.

Peut-on vraiment s’étonner de cette soudaine désaffection de l’électorat pour la politique alors qu’il s’était massivement mobilisé pour l’élection présidentielle, il y a tout juste deux ans, avec prés de 84% de votants ?

Certes les responsabilités des députés européens et leurs rôles n’est pas une évidence pour la plupart des français. Certes l’Europe n’arrive pas à sortir de son image d’un immense système technocratique et de censeur sourcilleux. C’est d’ailleurs ce rejet de l’Europe qui fait le fond de commerce des souverainistes.

Mais peut-on pour autant ignorer le délabrement du système politique en France ?

Pendant que Martine, Ségolène, Bertrand, Benoît et les autres se font de grands sourires en public et se déchirent en coulisse, le parti socialiste semble s’enferrer dans une opposition primaire au président et une gêne de plus en plus visible, coincé entre le trublion Besancenot et le sphinx Bayrou. Seul Dominique Strauss-Kahn, qui semble attendre son heure, vient donner une leçon de "realpolitik" à ses anciens amis à la télévision française.

François Bayrou, quant à lui, fait cavalier seul surfant dans les médias sur son "antisarkozisme" pamphlétaire avec pour seule stratégie la présidentielle de 2012. Il se garde bien comme l’analyse la Croix de dévoiler ses projets de peur de perdre ses admirateurs de droite ou de décevoir ses sympathisants de gauche. Il lui faudra pourtant bien un jour nous dire ses arrières pensés.

Quant à Olivier Besancenot, il veut mettre l’incendie dans la maison rien que pour le plaisir d’admirer les cendres. Quel beau projet que d’être anti… !

Les godillots UMP ronchonnent mais on ne voit guère surnager qu’un Alain Juppé qui a son avenir derrière lui. Dominique de Villepin se dresse en censeur du président, lui qui n’a jamais affronté le vote des électeurs, et parle de situation révolutionnaire donnant ainsi de l’eau au moulin de Besancenot qui n’en demandait pas tant !

En toute objectivité, on ne peut pas dire que le monde politique brille d’un grand souffle en ce moment !

Seule bonne nouvelle dans ce tableau c’est le naufrage délicieux du Front National !

Et pourtant ! Ce ne sont pas les enjeux qui manquent.

Enjeux planétaires (écologiques, énergétiques, financiers, montée en puissance des pays émergés, faim et épidémies, montée en puissance du fanatisme religieux, autisme dramatique d’Israël et radicalisation des palestiniens, lente mais sure montée en puissance de l’armement nucléaire en Iran, provocations inquiétantes de la Corée du Nord, naufrage collectif en Afrique sur fond de corruption et de violence,…)

Enjeux européens face aux grands défis (mondialisation, recherche, défense, justice, l’uniformisation des politiques et des fiscalités,…)

Enjeux nationaux (conséquences désastreuses de la crise, abandon d’une partie de la jeunesse qui n’a comme solution que la violence et la drogue, système carcéral totalement suranné, université en plein coma après ses convulsions, justice désemparée par des réformes imposées au pas de charge, psychiatrie sous équipée et montrée du doigt pour quelques malheureuses affaires portant la suspicion sur tous les schizophrènes, système de retraite qui court à la faillite,…)

Mais j’arrête ici mon inventaire à la Prévert non par manque de sujets mais pour éviter de tomber dans la sinistrose ou dans le renoncement.

Alors il est clair que, plus que jamais, il faut faire de la politique en éclairant les choix et les enjeux sans complaisance ni démagogie, en se positionnant par rapport aux priorités que l’on défend, en arbitrant le long terme et l’urgence du moment et surtout en rejetant la loupe de la médiacratie qui fait ressembler nos femmes et hommes politiques à des candidats de la nouvelle Star incapables de chanter en chœur et nous assommant avec une cacophonie lamentable.

Pour autant faut-il décrédibiliser la politique en général ? Non bien sûr, simplement exiger le débat et les décisions des élus comme le juste retour du respect des électeurs !


Patrice Leterrier

30 Mai 2009

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