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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 13:15


L

es irrégularités qui entachent les résultats de l’élection présidentielle iranienne ont amené des foules considérables à manifester dans les rues de Téhéran et d’autres grandes villes de ce pays. Le slogan en vogue dans ces manifestations est "Where is my vote  ?".

Thierry Coville, chercheur associé à l'Iris, nous rappelle que la candidature de Mir Hossein Moussavi n’était que le "plan B" du Guide Suprême, Ali Khamenei qui soutenait indirectement, mais très clairement, la candidature de Mahmoud Ahmadinejad. Il ne faut pas oublier que le président iranien n’est même pas le chef des armées, ce rôle étant dévolu au guide suprême qui peut démettre le président.

Et donc, même si l’élection de Mir Hossein Moussavi qui servait d’alibi démocratique aux mollahs, n’aurait rien changé fondamentalement à la ligne politique de l’Iran sur le plan international et notamment sa position sur l’épineux dossier du nucléaire, elle aurait été tout de même un signe d’ouverture et un espoir pour les iraniens d’un possible desserrement de l’étau que le régime fait subir à sa population.

Seul un renversement du régime théocratique qui règne en réalité sous des mascarades pseudo démocratiques depuis 30 ans en Iran pourrait apporter un véritable déblocage politique de la situation et un espoir de réintégration de l’Iran dans le concert des nations.

Au passage un tel événement, tout à fait improbable aujourd’hui compte tenu de la main de fer qu’impose le régime sur sa population (rappelons qu’il y a eu 30 exécutions capitales en Iran l’année dernière), serait une bien mauvaise nouvelle pour le régime d’extrême droite actuellement au pouvoir en Israël qui use et abuse de la menace iranienne pour justifier son intransigeance vis-à-vis des palestiniens.

Aujourd’hui le régime iranien, dont le bilan économique est catastrophique, est largement discrédité auprès d’une jeunesse instruite et ouverte sur le monde qui représente la majorité de la population iranienne (prés de la moitié des iraniens ont moins de 25 ans et 60% des étudiants iraniens sont des étudiantes…) et qui n’a jamais connu d’autre régime que la pseudo démocratie aux mains des ayatollahs.

Thierry Coville insiste sur le fait que "les Iraniens sont à 70% urbains. La modernisation de la société concerne l'ensemble du pays, pas uniquement les grandes villes".

Comme l’explique par ailleurs, Julien Pain, responsable du site participatif des observateurs sur France 24, "L'Iran a des infrastructures de qualité, ainsi que des fournisseurs d'accès privés. La population a un bon niveau d'éducation".

Peut-être se souvient-on du rôle joué en 1979 par la radio, la télévision et les hauts parleurs des mosquées dans le mouvement populaire qui renversa le shah pour établir le régime des Mollahs ?

A l’instar du rôle joué par la radio et la télévision il y a 30 ans, ce qui se passe actuellement en Iran est probablement la première manifestation du rôle considérable que peuvent jouer internet et le téléphone portable comme supports d’un mouvement de protestation populaire massif.

La blogosphère iranienne, que le pouvoir en place cherche à bloquer en fermant l’accès aux sites réformateurs, est la troisième au monde et ne compte pas moins de 700 000 sites dont 100 000 sont actifs. Selon internet sans frontières "Iranian blogs are the true voice of the next generation".

Julien Pain souligne à ce sujet que "l'Iran est un des pays les plus connectés dans la région. Il y a près de 21 millions d'internautes pour 72 millions d'habitants". La première plateforme de blogs du pays, Blogfa, compte deux millions d'inscrits.

Internet ratisse donc plus large que ce que l'on pourrait penser et malgré ses efforts constants, le pouvoir en place a des difficultés immenses à museler une opinion d’autant que l’usage de twitter complique énormément la tâche des censeurs, même s’il est exagéré comme le titre Libération de parler de révolution twitter.

Nul ne peut prédire si cette crise aboutira à de nouvelles élections, à un changement de régime improbable ou sera étouffé dans le sang des manifestants qui a déjà coulé.

Ce qui est sûr c’est que tous les dictateurs du monde devront à l’avenir compter avec la puissance de la toile qui rend bien difficile la mystification des populations dans des pays où l’infrastructure des télécoms ouvre les vannes à une information sans filtre.

Les chinois ne s’y sont pas trompés en fermant des sites à la veille de la commémoration des événements de Tienanmen !

Patrice Leterrier

16 juin 2009

 

 

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 17:57

 

L

e nom Iran vient d’Aryanam-vaejo, le pays des Aryens.

Au passage, quel incroyable clin d’œil de l’histoire que cette référence aux ariens pour un pays dont le président Mahmoud Ahmadinejad, qui aime à citer Goebbels, est le seul dirigeant d’un pays membre de l’ONU qui soit à la fois négationniste et appelle à la destruction d’un autre membre de l’ONU, l’état d’Israël.

Sa réélection fait l’objet aujourd’hui de nombreuses interrogations y compris en Iran puisque le guide suprême, l'ayatollah Khamenei, exige que le Conseil des gardiens de la Constitution examine les accusations de fraude lancées par Mir Hossein Moussavi.

Ahmadinejad est fidèle à son image quand il déclare que les élections en Iran sont "les plus propres" du monde par rapport à celles des "démocraties libérales" qui "inclus les voleurs, les homosexuels et autre personnes impures dans l'électorat pour gagner des voix".

Mais au fond cette réélection est d’abord une affaire interne à ce pays.

Il faut éviter de calquer notre schéma européen voire franco-français pour comprendre les institutions de la république théocratique islamique.

À la tête du pays se trouve le "Guide Suprême", autorité religieuse dominante et véritable maître du pays. Sous sa responsabilité, le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république, chef du gouvernement, qui dispose d'un cabinet composé de 20 ministres. Le pouvoir législatif appartient à un parlement supervisé par un "Conseil des Gardiens de la Constitution" qui approuve ou s'oppose aux résolutions de l'assemblée et qui peut aussi opposer son véto à toute candidature aux élections.

Il est donc clair dans ce pays "semi-démocratique" que le président n'a qu'une influence limitée. Mais il est clair aussi que sous le mandat de Mohammed Ahmadinejad, le régime s’est radicalisé sans doute avec l’assentiment pour ne pas dire la main occulte du "guide suprême". Outre les multiples déclarations antisémites, anti-Israël, et provocatrices, il y a cette volonté affichée de créer un front islamique chiite avec le Hamas, qui tient le pouvoir dans la bande de Gaza, et le Hezbollah, mouvement chiite surtout présent au Liban et en Syrie, front qui proclame ouvertement son objectif de détruire Israël.

Ensuite, on ne peut pas comprendre ce pays, qui depuis Cyrus le Grand, s’est toujours appelé l’Iran et non la Perse(*), sans revenir un instant sur son histoire.

"Quand on a dompté le conquérant grec, triomphé des armées romaines, assimilé la puissance arabe, survécu aux Mongols, contenu l’Empire ottoman, puis les hordes afghanes et indiennes... et desserré l’étreinte de l’Armée rouge, que peut-on craindre de l’avenir ? " se demandait le dernier Shah Mohammad Réza Pahlavi, initiateur du programme nucléaire iranien.

La question posée par l’ancien souverain donne une assez bonne image de ce qu’est la fierté des iraniens mais aussi de leur véritable obsession de sanctuariser leur territoire.

L’élection de l’adversaire malheureux d’Ahmadinejad n’aurait pas changé grand-chose sur le sujet du nucléaire qui agite toutes les chancelleries occidentales et qui est dans les mains du guide suprême.

Personne de sérieux ne doute que ce pays a pour objectif ultime de se doter de l’arme nucléaire. La politique nucléaire de ce pays, qui d’ailleurs avait démarré sous le règne du Shah, répond au souci constant de ce pays pour sa sécurité face à la menace de l’arme nucléaire israélienne.

Il est d’ailleurs assez cocasse de se souvenir qu’en 1977 les États-Unis décidèrent d’en finir avec le Shah car il craignait que l’Iran ne devienne une puissance nucléaire… comme le rappelle Houchang Nahavandi, ancien ministre du Shah.

Au fond on pourrait presque dire de façon paradoxale que les rodomontades et les provocations du président Ahmadinejad donnent plus de raisons aux israéliens et aux occidentaux de s’inquiéter d’un programme qui autrement relèverait de la même logique que l’arme nucléaire israélienne avec ni plus ni moins de justifications.

Si ce n’était que l’Iran reste la clé géographique du Moyen-Orient et que ce qu’il y a de plus inquiétant dans la politique iranienne, ce n'est pas son désir plus au moins légitime de posséder des armes atomiques, mais plutôt sa campagne pour l'hégémonie régionale sous bannière religieuse et la destruction d’Israël, enhardie par son développement nucléaire.   


Patrice Leterrier

15 juin 2009

(*) La Perse est en fait une des provinces de l’Iran.

Voir aussi :

L'iran et sa stratégie sur canal U

Un témoin de la revoltion iranienne : Houchanf Nahavandi sur Canal Académie

 

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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 21:59

 

drapeau palestine

V

oilà donc que les électeurs israéliens ont pris un grand virage politique à droite! A qui la faute? Je n’oublie certes pas que le Hamas écrit en préambule de sa chartre "Israël existera et continuera d'exister jusqu'à ce que l'islam l'anéantisse" ni l’article 13 de ce document "Il n'y a pas de solution à la question palestinienne si ce n'est à travers la Jihad. Les initiatives, les propositions et les conférences internationales sont toutes une perte de temps et de vaines tentatives". Mais il me semble un peu rapide de l’accuser d’être responsable des résultats de ces élections peu encourageants pour la paix. Ce serait d’abord oublier, sans excuser pour autant l’attitude du Hamas, que le blocus imposé par l’état hébreu avant la fin de la trêve n’est pas pour rien dans la reprise des attentats et que la logique des ripostes "sévères et disproportionnées" selon les termes même d’Ehud Olmert, chef du gouvernement hébreu, est pour le moins contestable car elle fait payer le prix fort aux civils palestiniens les actes de terrorisme du Hamas. Il ne fait cependant pas de doute que les derniers événements de Gaza ont largement contribué à la poussée du parti d’extrême droite Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman, émigrant d'origine moldave et parlant toujours avec un fort accent russe, et à l’effondrement du parti travailliste d'Ehoud Barak sûrement en partie victime d’un vote utile en faveur du parti centriste Kadima de Tzipi Livni. La réprobation internationale devant la violence de la riposte de l’état hébreu a probablement aussi participé à la montée du réflexe sécuritaire qui est à l’origine de cette nouvelle configuration du paysage politique israélien. La tâche des négociateurs – si négociation il y a - va devenir en tout état de cause bien plus difficile avec un Hamas renforcé par les bombardements de Gaza et une configuration politique dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas vraiment favorable à un dialogue constructif. Avigdor Lieberman a exigé du futur gouvernement qu’il «mette à bas le Hamas», qui contrôle la bande de Gaza, et qu’il rejette toute négociation et toute trêve avec ce mouvement islamiste palestinien. Il reste l’inconnu de la position américaine avec une prudence nouvelle de la part de la secrétaire d’état Hillary Clinton et du plénipotentiaire de Barack Obama, George Mitchell qui se sont jusqu’à présent bien gardés de prendre des positions tranchées, ce qui est tout de même nouveau et une faible lueur d’espoir dans l’impasse apparente actuelle. Au moment où l’affaire du méprisable évêque négationniste Richard Williamson remet au devant de la scène les horreurs de la Shoah en les niant, nous devons éviter un double piège : celui de tomber dans une compassion historique pour l’état d’Israël et celui de penser naïvement que le Hamas s’est amendé et est devenu un interlocuteur fréquentable. Mais les jours s’annoncent bien sombres pour le peuple palestinien et le peuple hébreu qui mériteraient pourtant de vivre en paix sur cette terre chargée d’histoire. "La paix n'est pas un don de Dieu à ses créatures. C'est un don que nous nous faisons les uns aux autres" [Elie Wiesel].

Patrice Leterrier

11 février 2009

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 21:56

L

es choses sérieuses ont-elles commencé au Proche-Orient? Après les voyages éclairs, les rencontres à grand renfort de presse et de petites phrases assassines, quel changement de style avec Barack Obama! D'abord, dés sa première journée à la maison Blanche, le nouveau président américain a appelé personnellement tous les leaders de la région (le premier ministre israélien, le président de l'Autorité palestinienne, le président égyptien, le roi de Jordanie, etc.). Il a fixé les lignes pour un apaisement de la tension : arrêt des tirs de roquettes par le Hamas contre Israël, mais aussi fin du blocus de Gaza, avec une réouverture du point de passage de Rafah frontalier de l'Égypte, qui laisserait passer les biens et les personnes, mais qui mettrait fin à la contrebande des armes destinées au mouvement islamiste. Et puis il y a eu la nomination de George Mitchell, "célèbre dans notre pays et à travers le monde pour son talent de négociateur" et "fully empowered at the table" selon les termes du président lui-même c'est-à-dire émissaire plénipotentiaire. Ce fils d'une immigrante chrétienne libanaise, âgé de 75 ans, ancien sénateur démocrate du Maine de 1980 à 1995 avait joué un rôle-clé comme intermédiaire dans le processus de négociations qui a mis fin, en 1998 au conflit centenaire en Irlande du Nord à l’époque de l’administration Clinton. Et l’homme s’est tout de suite distingué par sa discrétion réservant ses propos à ses interlocuteurs pour ne pas créer de dérapage irrémédiable dans ce délicat jeu qui consiste à ne pas attiser un feu que les extrêmes des deux bords ne songent qu’à rallumer. Il a déjà rencontré des responsables israéliens, palestiniens et égyptiens et doit se rendre dimanche à Riyad dans le cadre de ses entretiens destinés à consolider la trêve dans la Bande de Gaza. Il a aussi pris soin – et c’est un fait symbolique fort de la nouvelle orientation de la diplomatie américaine - de rencontrer le diplomate en chef de l'Union européenne (UE), Javier Solana,  qui a confié que M. Mitchell était dans la région "pour entendre ce que nos alliés dans la région ont à dire sur le meilleur moyen de progresser non seulement dans la stabilisation de la situation à Gaza mais aussi dans l'approche à long terme sur une solution à deux Etats", Israël et la Palestine. Certains ont peut-être suivi l’altercation à Davos entre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président israélien Shimon Peres. Le dirigeant turc voulait intervenir après un plaidoyer enflammé de M. Peres sur l'intervention israélienne à Gaza. Avant de quitter la salle, en annonçant qu’il ne reviendrait probablement pas, il a reproché au public d'avoir applaudi l'intervention du président israélien. "Je trouve très triste que des gens applaudissent parce que beaucoup de gens sont morts. Je pense qu'ils ont tort d'applaudir des actions qui ont tué des gens" et en s’adressant en ces termes à Shimon Peres "je pense que vous devez vous sentir un peu coupable. C'est pourquoi vous avez parlé si fort". Cet incident est une illustration de plus de l’extrême tension qui règne dans la région. Le temps presse pour entamer des véritables négociations sans déclaration fanfaronne, sans condamnation inutile et contreproductive et avec une véritable volonté d’aboutir. A la suite de nouveaux tirs de roquettes de provocation dans le sud d’Israël par des extrémistes palestiniens qui n’ont pas fait de victime, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a prévenu dimanche qu’Israël allait réagir de "façon sévère et disproportionnée". Le terme "de façon disproportionnée" en dit long sur les intentions d’un gouvernement sous la pression d’une échéance électorale. Ces déclarations en tout cas ne laissent rien préjuger de bon pour la suite même si on ne peut que condamner les provocations incendiaires de ceux qui veulent pirater la négociation en tirant des roquettes provocatrices.

Patrice Leterrier

1 février 2009

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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 22:22

L

es armes se sont tues à Gaza. Personne ne sait pour combien de temps puisque même pour arrêter de se battre ni le Hamas ni Israël ne sont parvenus à se mettre d’accord déclarant des cessez le feu unilatéraux presque concomitants. Quel spectacle désolant que de voir deux peuples, qui ont tant souffert, se déchirer alors que leur destin incontournable est de vivre côte à côte sur cette terre chargée d’histoire. Et pourquoi l’ombre de l’holocauste vient-il en permanence troubler un débat qui devrait être celui d’une double reconnaissance ferme et définitive du droit d’Israël à exister et de celui des palestiniens à avoir un territoire à eux et un état reconnu? Il ne s’agit évidemment pas de nier la réalité atroce du crime des nazis ni encore moins de l’oublier mais plus d’un demi-siècle après la fin des faits, il semble possible d’exprimer sa réticence voire son indignation devant les milliers de victimes civiles palestiniennes sans être soupçonné d’un antisémitisme primaire ou pire encore d’être assimilé à ces délabrés abjects et dérisoires de la mémoire que sont les négationnistes. Est-ce se montrer amnésique de l’histoire cruelle des juifs que de ne pas approuver les actions militaires de l’état hébreu légitimées par une équation fondamentalement raciste qui veut qu’un mort hébreu pèse environ 100 morts palestiniens? Est-ce faire preuve de cynisme macabre que d’évoquer les arrière-pensées politiciennes qui animent les dirigeants israéliens à la veille d’échéances électorales? Il est tout aussi illusoire de penser que l’anéantissement du Hamas  ne soit ni tolérable ni possible que de continuer de nier le droit d’exister à Israël. Cette guerre inutile et sanglante n’a aucune chance de déboucher sur une victoire militaire. Elle renforce sans aucun doute le poids du Hamas et probablement annonce un retour en force de la droite au pouvoir en Israël. Elle éloigne donc encore les chances d’un règlement entre les deux parties. Elle consolide durablement la haine des uns et l’autisme des autres. Il n’est pas réaliste de penser que ce conflit puisse se régler entre israéliens et palestiniens sans une volonté forte des états unis, de son nouveau président – qui sera investi dans des pompes sans précédent demain et dont on attend probablement trop sur ce dossier aussi! Et pourtant seule la volonté forte et affichée de la communauté internationale pourrait ramener à la raison les deux camps et permettre un règlement de ce conflit interminable. Est-ce trop attendre de la communauté internationale, qui avait su imposer l’état d’Israël en 1947, qu’elle impose - sans plus attendre d’interminables négociations qui n’ont aucune chance d’aboutir à un résultat - une coexistence pacifique des deux communautés dans des territoires reconnus et garantis? En gagnant la guerre de Palestine de 1948, l’état d’Israël avait conquis par la force 81% de la Palestine de 1947. Il n’est pas déraisonnable de penser que des territoires puissent être rendus aux palestiniens. Jeter des cocktails Molotov sur des synagogues n’est pas de même nature que de juger sévèrement les actions militaires de l’état hébreu ni de déplorer le poids excessif de la diaspora juive sur la politique américaine.. Mettre en avant l’holocauste pour justifier l’injustifiable est indigne et ne sert pas la cause d’Israël.

Patrice Leterrier

19 janvier 2009


 

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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 11:34

L

e 13 Janvier 1898, Emile Zola publiait à la une de l’Aurore son célèbre article J’accuse où il dénonçait les officiers français et les experts coupables ou complices de ce qui allait se révéler comme une des plus célèbres erreurs judiciaires en France et provoquer un séisme antisémite dans le pays. Cet article valut à Emile Zola d’être condamné d’une part à un an de prison et 3 000 francs d'amende pour ses attaques contre l'état-major et d'autre part à un mois de prison et 1 000 francs d'amende pour sa dénonciation des trois pseudo-experts, dont chacun devait recevoir 10 000 francs de dommages-intérêts. Emile Zola s’exila en Angleterre pour éviter la prison. La France en cette fin de 19ème siècle se trouva coupée en deux entre les dreyfusards et les antidreyfusards. Des violences antisémites éclatèrent dans plus de vingt villes françaises. Il y eut même plusieurs morts à Alger. On est aujourd’hui atterré par la bassesse des caricatures de l’époque comme par exemple celle reproduite ici. Elle est l’œuvre de Caran d’Ache, de son vrai nom Emile Poiré, dans Psst. La légende d’une grande finesse "la vérité sort de son puits" se passe de commentaire. Il y avait aussi celles que l’on trouvait dans la publication d’Edouard Drumont La libre Parole qui rependait un fiel immonde fait d’un mélange d’antisémitisme, de xénophobie, de populisme et d’antiparlementarisme. Aujourd’hui la Palestine est en flamme victime de l’impossibilité du dialogue entre le Hamas, qui refuse l’existence même d’Israël, et Israël qui se drape dans son droit de se défendre pour ensanglanter la bande de Gaza avec ce qu’elle appelle pudiquement les effets collatéraux sur les civils. En France ce regain de violence donne lieu à des manifestations pro palestiniennes qui n’ont rien de la neutralité pacifiste souvent mise en avant par les organisateurs. Et on assiste aussi à des actions antisémites, comme l’attaque aux cocktails Molotov contre le centre communautaire juif Ohr Menahem et la synagogue à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, qui rappellent les pires heures de notre histoire. Dans le Figaro d’hier Gilles Bernheim, le grand rabbin de France écrit: "Ma compassion, comme celle de tous mes coreligionnaires, s'étend aux populations civiles palestiniennes" mais il s’empresse d’ajouter "et je regrette que les guerriers du Hamas soient entrés dans une folie meurtrière qui les dépasse et les broie", ce qui – sans juger de la pertinence de l’analyse - est clairement une prise de position en faveur de l’état d’Israël. La France compte environ  600 000 juifs et quelque 6 millions de musulmans. Le drame serait qu’ils soient, les premiers des inconditionnels de la cause de l'état hébreu, les seconds des défenseurs fanatiques du Hamas. Que l’on ne nie pas le droit à Israël d’exister ni celui des Palestiniens d’avoir enfin un état à eux paraît, vu de ma petite lucarne, une telle évidence que tout ce qui se passe aujourd’hui prend un tragique aspect d’absurdité criminelle. Il est clair qu’un des dangers de cette période d’embrasement, c’est aussi de faire renaître l’antisémitisme qui sommeille mais se refuse à mourir dans la société française. Le risque est tout aussi grand de provoquer le déchainement d’un racisme anti maghrébin toujours latent chez certains de nos compatriotes. En ce jour d’anniversaire de la parution du J’accuse de Zola, puisse sa recherche courageuse de la justice nous éclairer pour éviter une scission de l’opinion sous fond de racisme et d’antisémitisme. La prise de fonction de Barak Obama sifflera probablement la fin de la récréation pour la diplomatie française dont la tentative de règlement de ce conflit ne pouvait aboutir. Peut-on espérer que Barak Obama ne nous décevra? Peut-on rêver qu’il ne revête pas les habits systématiquement pro-israéliens de son prédécesseur? Ce serait un vrai changement et un véritable espoir pour cette région depuis si longtemps à feu et à sang.

Patrice Leterrier

13 janvier 2009

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8 janvier 2009 4 08 /01 /janvier /2009 20:52


J

ean-Yves Camus, politologue et chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), parle sur libération.fr de la guérilla informatique à laquelle se livrent les internautes à propos du conflit israélo-palestinien. On atteint un summum de violence verbale qui serait dûe selon le chercheur à ce que "l’expression sur Internet est plus polémique qu’une discussion classique. Internet protège l’anonymat. Le discours radical se tient plus facilement à distance que de vive voix.". On peut ne pas partager la "naïveté" du chercheur sur l’anonymat garanti par internet mais il est vrai que l’internaute peut avoir cette impression d’impunité. Il peut laisser alors couler sur le clavier tout le fiel de son aigreur ou le cri violent de son désespoir. De part et d’autre la haine explose avec violence, partialité, racisme et xénophobie. Sans bien sûr approuver ce déchainement de passion, on pourrait cependant presque souhaiter que cette violence épistolaire et virtuelle puisse avantageusement remplacer les violences tout ce qu’il y a de réelles qui embrasse cette région depuis si longtemps. Au-delà de ces débordements "internautiques", il est clair que l’information n’est plus la même depuis que la toile a recouvert le monde. Même si, selon le baromètre TNS Sofres Logica commandé par le journal la Croix, la toile laisse encore indifférent 42% des personnes interrogées (en baisse de 5 % par rapport à 2007), l’Internet gagne en crédibilité comme source d’information, (34 % d’opinions favorables, contre 31 % l’an dernier) alors qu’ils sont encore 24% (soit 2% de plus que l’an dernier) à avoir des doutes sur les informations transmises su internet. Il reste tout de même que prés d’une personne interrogée sur quatre pense que les choses ne se sont pas passées comme il le lit sur internet. Plus de 60% d’entre eux doutent de l’indépendance des journalistes vis-à-vis du pouvoir et de l’argent. Malgré tout, l’information sur internet gagne en crédibilité et surtout en audience.Comme preuve s’il en était besoin de cette évolution, la Croix ajoute que "Lemonde.fr et Lefigaro.fr, avec respectivement 47 et 22 millions de visites mensuelles en novembre dernier selon l’OJD, se sont imposés comme des marques à part entière. Ils rivalisent, voire supplantent, pour la première fois, les portails d’information de Google et Yahoo!". Au fond ce qu’il y a de plus frappant dans ce sondage en demi-teinte c’est que de plus en plus d’internautes avertis pensent qu’ils peuvent se faire une opinion en consultant des points de vue très différents sur un même sujet. Bien sûr,il y a aussi de la propagande sur internet. Elle est rarement le fait de journaliste, du moins dans les pays démocratiques. Elle fait surtout comme victime des esprits fragiles qui ont tôt fait de s’enflammer en découvrant des articles scandaleux ou des images souvent insupportables diffusées sur le net. Elle est quelquefois le fait d’inconscients aveuglés mais aussi souvent propagée par des apprentis sorciers qui utilisent machiavéliquement l’émotion pour assouvir leurs haines et leurs ambitions. Mais il est plus à la fois plus facile et plus difficile de dire ou de montrer n’importe quoi sur internet. Plus facile puisqu’avec un clic on peut atteindre des millions de lecteurs ou de vidéo spectateurs. Plus difficile parce qu’on risque d’être contredit, souvent preuve à l’appui, dans l’instant qui suit. Internet apporte incontestablement une vitesse de propagation et une audience sans commune mesure avec la presse écrite. C’est pourquoi ce média réclame de la part des professionnels de l’information encore plus de rigueur dans la vérification des sources et dans la partialité éclairée dont ils doivent faire preuve. Il est absurde de parler d’information impartiale lorsqu’il s’agit de drame géopolitique comme le conflit Israélo-palestinien.

Patrice Leterrier

8 janvier 2009

http://www.liberation.fr/monde/0101310208-gaza-il-existe-une-sorte-de-guerilla-informatique-sur-les-forums

 

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