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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 22:58


L

’Afghanistan est un pays coincé au nord par le Turkménistan, l'Ouzbékistan, et le Tadjikistan, à nord-est par la Chine, à l’est et au sud par le Pakistan et à l’ouest par l'Iran. Une grande partie de son territoire est composé de hauts plateaux ou de hautes montagnes faisant partie de la chaîne de l'Himalaya. L’Afghanistan est un pays en guerre depuis des décennies. C’est aussi ce pays où, sous le règne de talibans, les exécutions publiques, les lapidations, les mutilations de toutes sortes et les flagellations étaient monnaies courantes, où les femmes devaient être entièrement couvertes par la burqa et ne pouvaient quitter leur maison qu'accompagnées de leur mari ou d'un parent proche. Ceux sont ces talibans qui dynamitèrent les statues de bouddhas géants de Bamiyan, vieilles de quinze siècles. L’Afghanistan c’est aussi le pays qui fournit avec l’Érythrée et les Kurdes irakiens l’essentiel des 700 réfugiés clandestins qui s’entassent dans la jungle, un terrain situé près du port de la ville de Calais. Ils rêvent tous de rejoindre l’eldorado que représente pour eux la Grande Bretagne. Généralement, les candidats à l’immigration arrivent sur les docks de Calais et se font arrêter avant d’avoir pu se cacher dans un camion ou après. Relâchés par les autorités françaises au bout de quelques jours, ils reviennent à Calais et tentent leur chance une nouvelle fois. Il y va pour eux souvent de leur vie s’ils étaient refoulés vers leur pays d’origine. Un migrant afghan récemment reconduit par l’Australie, Mohammed Hussain, a été kidnappé, torturé puis décapité. Ils ont payé très cher des passeurs sans scrupule et se retrouvent livré à eux-mêmes dans des abris de fortune. Les humanitaires cherchent à faire, comme ils peuvent, leurs œuvres de compassion et d’assistance. Les autorités cherchent à démanteler les réseaux de trafiquants et de passeurs. Les associations humanitaires dénoncent une loi datant de 1945, jugée par beaucoup comme obsolète, qui fait de l'aide aux personnes en situation irrégulière un délit passible de 5 ans d'emprisonnement et de 300.000 euros d'amende. Welcome le dernier long-métrage du réalisateur français Philippe Lioret, décrit l'histoire de Simon (Vincent Lindon), maître-nageur à Calais arrêté par la police après avoir pris sous son aile un jeune Kurde sans papiers. Eric Besson dénonce le film en fustigeant "le vocabulaire qui est issu de la Deuxième Guerre mondiale, traque , rafle , assimilation aux Juifs en 1943". Il affirme que la loi incriminée n'est appliquée qu'aux passeurs et non aux bénévoles. Ces polémiques franco-britanniques, ces débats passionnés où les parties rivalisent de mauvaise foi, cette réalité du business de la misère exploitée par des criminels font hélas trop oublier, qu’au bout de cette chaine du désespoir, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui avaient rêvé d’un monde accueillant pour eux quand ils ont fui l’horreur. Quel triste spectacle nous leur offrons avec nos forces de l’ordre, nos débats de juristes et nos querelles de nantis !


Patrice Leterrier

27 Avril 2009 

 

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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 21:56

J

acques Chirac personnalité politique préférée des français avec 74% d’opinions positives. Certains y verront en négatif un désaveu de Nicolas Sarkozy en chute libre avec 41% de bonnes opinions. S’agit-il d’un souvenir attendri pour la marionnette des guignols promenant ses couteaux dans le dos avant sa victoire contre Edouard Balladur, de l’homme qui se tira une balle dans le pied en renvoyant l’assemblée Nationale le 21 Avril 1997, d’une nostalgie de son fameux discours devant l'assemblée plénière du IIIème Sommet de la Terre, le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud, "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", d’un souvenir admiratif de l’homme du refus du 18 mars 2003 déclarant "L’Irak ne représente pas aujourd’hui une menace immédiate telle qu’elle justifie une guerre immédiate" de sa victoire surréaliste au deuxième tour des élections présidentielles du 5 mai 2002, avec plus de 82% des suffrages, d’une certaine compassion pour celui, diminué après son accident vasculaire du 2 Septembre 2005, qui s’enferra hypnotisé par le verbe d’un Dominique Villepin dans le bourbier du CPE jusqu’au retrait peu glorieux du 10 Avril 2006 ou tout simplement de l’auteur de cette évidence "le courage, c'est de ne pas avoir peur". Mais au fond ne s’agit-il pas tout simplement d’une tendance naturelle des français à aimer d’autant plus les hommes politiques qu’ils les regrettent parce qu’ils sont partis. Finalement une fois l’action politique effacée, il reste la sympathie ou l’antipathie pour un homme. Serait-ce qu’Il n’est finalement de bons politiques qu’à la retraite? Pourtant ce qu’on reproche en général aux politiques c’est leur inaction ce qui est fondamentalement la caractéristique d’un retraité! C’est probablement pourquoi Valéry Giscard d’Estaing, malgré son pathétique au revoir au français du 21 Mai 1981, qui n’a jamais voulu se déclarer en retraite, n’a jamais retrouvé les faveurs des français, probablement aussi prisonnier qu’il était de son air hautain et supérieur. Jacques Chirac, c’était tout autre chose. C’est l’homme des salons de l’agriculture qui adorait se mêlait à la foule, qui s’arrêtait pour déguster à tous les stands un saucisson, une andouillette, un verre de bière, qui séduisait avec malice, l’homme qui répondait à l’apostrophe “Connard!” ”Enchanté ! moi c’est Chirac!”…La fracture sociale, jolie expression inventée comme thème de campagne dans son discours du 17 février 1995, n’aura pas été réduite sous ses deux mandats, il ne sera probablement jamais complètement débarrassé du bourbier des affaires de la Mairie de Paris qui valurent à Alain Juppé la fin de ses plus hautes ambitions. Finalement il faut lui laisser le dernier mot "Il y a déjà tellement de jeunes qui sont vieux que ce n'est pas la peine de rajouter des vieux qui veulent jouer les jeunes".


Patrice Leterrier

15 Avril 2009

 

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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 19:21

article elise

H

 

onte à France 2 qui montre un père manipulant sa fille au point qu’elle lui coupe la parole en lui mettant la main sur la bouche avant de faire, ultime dérision enfantine pleine de désespoir, des grimaces devant les caméras. Honte à un père qui médiatise sa fille au risque de la détruire. Honte à ceux qui pensent qu’un père ou une mère peuvent prendre leur enfant en otage de leur différent. Comment demander à une enfant de cet âge de choisir entre ses parents? Effrayante photographie que celle de la petite Elise dont le père la force à saluer derrière la vitre. Les sourcils baissés de la pauvre enfant en disent long sur la tempête interne qui l’agite. Elle est couverte de jouets comme si l’amour d’un enfant se gagnait à coup de peluches! Quel contraste avec les photos de l’enfant avec sa mère ou elle semble rayonner de bonheur. Née à Moscou le 2 novembre 2005, Elise possède les deux nationalités. Elle a vécu en France avant d'être emmenée en Russie par sa mère Irina Belenkaya en 2007 après la séparation du couple, puis enlevée à Moscou par son père qui l'a ramené à l'automne 2008 en France, à Arles où il réside avant d’être à nouveau enlevée dans les conditions surmédiatisées que l’on connait. Il ne s’agit évidement pas d’excuser les violences inacceptables commises à l’encontre de son père. Il ne s’agit pas plus de prendre le parti de sa mère ni celui de son père qui décidément ne recule devant aucune bassesse pour assouvir sa vengeance. Mais définitivement de prendre le parti d’Elise, le parti de l’enfance innocente qui n’a rien à faire de ces histoires sordides d’adultes qui deviennent des affaires d’états. Enfance ! Enfance outragée, enfance mutilée, enfance martyrisée mais peut être un jour enfance libérée, libérée de l’outrage que lui font des parents simplement animés par leur sordide besoin de revanche de leur misérable différent. Elise un jour peut-être tu pourras seule faire un immense pied de nez à ces imbéciles qui sacrifient ta jeunesse à l’hôtel de leur misérable fatuité. Arrêtez donc le massacre et la mascarade pour simplement songer à l‘immense espérance d’amour qu’Elise nous suggère avec ses grimaces. Non décidément je ne saurais choisir entre un père jouant avec aucun talent le rôle de la victime et une mère, certes violente, certes impardonnable, mais peut-être aussi désespérée de ne pouvoir serrer dans ses bras sa petite fille. Que les caméras se mettent en berne, que les micros se taisent, que l’on arrête de nous imposer ce spectacle indigne d’un conflit qui prend comme bouclier l’enfance.


Patrice Leterrier

14 Avril 2009

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 22:49

I

l y a des jours où l’actualité ressemble à s’y méprendre à des tours de magie. Les médias, relayant complaisamment les hommes politiques, s’échinent à attirer nos regards, de manière à nous masquer les événements sérieux qui se déroulent sous nos yeux abusés par l’éclairage aveuglant, sur des détails somme toute secondaires. Tout le landerneau politique s’agite pour délibérer de l’opportunité de légiférer sur les bonus (qui ont déjà été supprimés comme le souligne avec malice le canard enchainé) et les stocks options des dirigeants des entreprises aidées par l’état. La remarque de Laurence Parisot soulignant qu’il aurait suffit de prévoir cette clause dans le protocole des prêts accordés n’est pas stupide. Elle aurait évité ce ramdam mais on peut aussi penser, sans faire preuve de machiavélisme pervers, qu’il est voulu pour nous détourner d’autres sujets plus en rapport avec la responsabilité des politiques. On apprend avec compassion le triste sort du plus célèbre RPC (responsable mais pas coupable) de la banque, j’ai nommé Daniel Bouton. Comment pourra-il survivre avec une retraite comprise entre 725 000 selon l’aveu de la Société Générale et 1 million d’euros selon l’Express par an ! Evidemment si on compare avec la retraite à 20 millions de dollars, accompagnée de primes en tout genre, de l’ex-PDG Rick Wagoner de General Motors on comprend son désappointement ! On comprend aussi que la règle est évidente : plus les désastres produits par les dirigeants sont importants, plus la prime de départ est énorme et plus la retraite est dorée. Et puis il vaut mieux prendre sa retraite doit se dire François-Henri Pinault, retenu par des salariés de la FNAC et de Conforama à sa sortie d'un comité européen de PPR à Paris. Décidément ce n’est pas une sinécure que d’être un patron aux commandes par les temps qui courent… Ce qui est particulièrement choquant dans cet éclairage insensé sur les dirigeants, c’est, outre qu’il rejaillit sur l’immense majorité de ceux qui s’efforcent de se battre pour créer de la richesse et des emplois, qu’il estompe complètement les vrais plaies et misères de notre pays et du monde. Cette stratégie de la diversion a déjà été utilisée par exemple pour masquer les problèmes de la psychiatrie en France en focalisant sur les quelques ratées - certes dramatiques mais marginales - de schizophrènes libérés par imprudence ou erreur. Que dire de cette ruse fanfaronne de Nicolas Sarkozy d’annoncer qu’il est prêt à faire un clash en cas de résultats insuffisants au G20 de sorte à ne pas assumer sa part de responsabilité. Non décidément ce n’est pas avec de telles ficelles, qui ressemblent à d’énormes cordages, que l’on pourra longtemps endormir nos concitoyens. Le réveil risque d’être brutal. Et puis il y a aussi cette indifférence coupable envers les grandes misères de l’Afrique (je sais je radote mais je persiste et signe !). Il faut de l’acharnement dans la recherche pour apprendre que l'épidémie de choléra au Zimbabwe a fait 4 011 morts depuis août 2008 et contaminé plus de 89 000 personnes. Qui s’intéresse à la situation au Darfour où, près d'un mois après l'expulsion par le gouvernement soudanais de treize des principales ONG, une catastrophe humanitaire se prépare ? Faut-il que les hommes politiques soient devenus bien inconséquents ou bien lâches pour nous amuser comme les empereurs romains en lâchant les lions médiatiques sur des victimes trop faciles au lieu de nous promettre la seule chose qu’il puisse tenir : de la sueur et des larmes pour affronter les dures réalités d’aujourd’hui!


Patrice Leterrier

31 Mars 2009

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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 15:49

Haro sur les patrons

H

ier je vous parlais des fables de la Fontaine préférées des Français. Devant le succès de leur enquête en ligne, le Figaro.fr a décidé de continuer en demandant aux internautes de désigner la morale de fable qu’ils préfèrent. Le verdict est encore plus sans appel que pour "la Cigale et la Fourni" puisque les internautes de ce site reportent à plus de 26% leurs suffrages sur la morale des animaux malades de la peste "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". L’actualité avec les bonus des dirigeants de la Société Générale, les indemnités que s’est généreusement octroyé le PDG de Valéo Thierry Morin (une des entreprises susceptible de recevoir une partie de l’aide de l’état à l’industrie automobile) n’est pas forcément étrangère à ce désabusement des internautes sur la justice du monde. Mais pour revenir à cette célèbre fable, on se souvient l’ire déclenchée par l’aveu de l’âne d’avoir tondu illicitement "de ce pré la largeur de ma langue" et le sort qui lui fut réservé pour ce forfait. En somme une autre version du bouc émissaire, de l’arbre qui cache la forêt et des autres fausses barbes pour masquer un désarroi général face à la peste (oh ! pardon la crise mondiale). Le risque n’est pas nul qu’aujourd’hui ces inexcusables dirigeants, ces "flambeurs qui pensent qu'il n'est pas indécent d'accumuler des bonus et des stock-options", comme l’écrit plein d’indignation le journal le Monde en utilisant l’image forte de "fracture morale", ne soient en fait qu’une diversion inespérée, une sorte de contre-feu allumé par la classe politique pour détourner la colère du bon peuple contre ces mauvais patrons qui font certes honte à leur corporation mais qui ne représentent pas et de loin la majorité des dirigeants. Alors que l’on s’extasie sur l’explosion de la création d’entreprise en France dopée par le nouveau statut d’auto-entreprise, la véritable bronca déclenchée par les indemnités de Thierry Morin et les bonus des dirigeants de la Société Générale n’est pas de nature à réconcilier les français avec les entrepreneurs qui prennent des risques avec l’espérance légitime de gains importants. Et, même si les sommes annoncées sont astronomiques pour la plupart des français, ce n’est pas avec ces montants que l’on va sortir du bourbier infâme dans lequel se débat l’économie mondiale. Grâce à des expériences d'imagerie cérébrale, réalisées des chercheurs de  l’université de Cambridge en Angleterre, on sait maintenant que les mêmes zones du cerveau s'activent, à quelques infimes différences près, lorsqu'on perd de très peu et lorsqu'on gagne. Plus la défaite est infime, plus ces zones du gain s'activent. Simplement, leur activation s'arrête juste avant l'embrasement procuré par une victoire, ce qui constitue un aiguillon irrésistible pour aller plus loin. Ce qui expliquerait le comportement compulsif de certains joueurs et probablement aussi les dérapages de spéculateurs qui ont participé à la pandémie d’actifs nocifs qui ont envahi des placements réputés sûrs pour finir par contaminer l’économie toute entière. Les français ne sont sûrement pas assez naïfs pour croire qu’une solution miracle existe pour sortir de ce cauchemar mais ils ne sont pas non plus assez stupides pour mordre dans les os médiatiques qu’on leur met sous le nez pour leur faire oublier l’essentiel. Les hommes et femmes politiques auraient grand intérêt à abandonner leurs méprisables manœuvres dérisoires pour se pencher TOUS ENSEMBLE sur le désastre qui se prépare ou le réveil risque d’être brutal et douloureux. Le monde est malade de la peste financière et en pleine récession. Les indemnités de Monsieur Thierry Morin, pour scandaleuses qu’elles soient, ne sont qu’une manifestation de plus de l’immoralité générale, une sorte d’âne de la fable pour se détourner du devoir de vaincre la peste."Celui qui accepte les inconvénients de la vie politique, ses servitudes, ses responsabilités, ses salissures et parfois ses risques, le fait pour agir, pour imprimer sa marque aux événements, en un mot pour gouverner" Georges Pompidou Extrait d'un discours à Poésie et politique - 28 Avril 1969.


Patrice Leterrier

24 Mars 2009

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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 15:37

La France et Sarko

Le Coche et la mouche

Dans un monde sanglant, miséreux, maltraité,

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,

Et de tous les côtés aux conflits exposé,

Et de tous les côtés au Soleil exposé,

Six forts pays tiraient l’Europe.

Six forts chevaux tiraient un Coche.

Un ensemble divers et sans doute interlope.

Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.

L'attelage suait, soufflait, était rendu.

L'attelage suait, soufflait, était rendu.

Un sarko survient, et de ses poings tendus;

Une Mouche survient, et des chevaux s'approche

Prétend les animer par son bourdonnement;

Prétend les animer par son bourdonnement;

Stimule l’un, pique l'autre, et pense à tout moment

Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment

Qu’il fait avancer la machine,

Qu'elle fait aller la machine,

S’assied sur le perron, passe à la télé;

S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher;

Et pendant que les autres triment,

Aussitôt que le char chemine,

Et qu'il voit les choses avancer,

Et qu'elle voit les gens marcher,

Il s’en attribue uniquement la gloire;

Elle s'en attribue uniquement la gloire;

Va, vient, fait l'empressé; Il semble que ce soit,

Va, vient, fait l'empressée; il semble que ce soit

Un nouveau caporal, allant en chaque endroit

Un Sergent de bataille allant en chaque endroit

Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.

Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.

Sarko en ce commun besoin

La Mouche en ce commun besoin

Se plaint qu'il agit seule, et qu'il a tout le soin;

Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin;

Qu'aucun n'aide aux pays à se tirer d'affaire.

Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.

Tandis que le Fillon récite son bréviaire,

Le Moine disait son Bréviaire;

Prenant ainsi son temps ! Bayrou s’égosillait;

Il prenait bien son temps ! Une femme chantait;

C’était bien de chansons alors qu’il s’agissait !

C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !

Dame Royal des militants endort les oreilles,

Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,

Et fait cent sottises pareilles.

Et fait cent sottises pareilles.

Après bien du travail l’Europe peut souffler.

Après bien du travail le Coche arrive au haut.

Respirons, dit Sarko, je n’ai plus ce boulet !

Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :

J'ai tant fait que ces gens ne sont plus dans la gêne.

J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

Messieurs les électeurs, payez-moi de ma peine

Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine

Ainsi certaines gens, faisant les empressés,

Ainsi certaines gens, faisant les empressés,.

S'introduisent dans les affaires :

S'introduisent dans les affaires :

Ils font partout les nécessaires,

Ils font partout les nécessaires,

Et, partout importuns, devraient être chassés

Et, partout importuns, devraient être chassés

Patrice Leterrier

Jean de la Fontaine

23 Mars 2009

Fable IX, Livre VII

 

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 09:42


Gabrielle Russier

 

N

ous naviguons en pleine tempête financière avec le sentiment désagréable qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Les analystes, dont la constance à se tromper dans leurs prévisions est ce qu’il y a de plus remarquable, n’arrêtent pas de nous déverser leurs explications plus abscondes les unes que les autres. Ils sont comme les médecins de Molière qui cachaient leur ignorance sous une avalanche de mots latins incompréhensibles. Ils font ce que Benoît Mandelbrot appelle de l’astrologie financière…mais comme monsieur Jourdain faisait de la prose… sans le savoir. Pour ne rien arranger les politiques de tous les pays et de tous bords déclinent leurs litanies de mesures anticrises dont le nombre ne rassure pas plus qu’une ordonnance trop remplie pour soigner une septicémie. Notre président, dont l’activisme n’est plus à démontrer, nomme un ministre chargé de la mise en œuvre du plan de relance de l'économie, qui est étonnement silencieux alors que son goût pour les médias nous avait plutôt habitués à des overdoses de communication. Mais où est donc passé le sens dans tout ça ? Peut-être que certains d’entre vous, dont l’âge est plus proche du mien que de celui de mes petites filles, se rappelle le "comprenne qui voudra" de Georges Pompidou, le 22 Septembre 1969. Il commentait le suicide de l’enseignante marseillaise Gabrielle Russier. Cette jeune femme de 32 ans venait de se donner la mort après avoir été condamnée pour détournement de mineur. Elle avait eu une liaison amoureuse avec un de ses élèves, Christian Rossi, alors âgé de seize ans. A la question que lui posait Jean-Michel Royer, journaliste à radio Monte Carlo, il avait pris un long moment de réflexion, pour finalement répondre en citant Paul Eluard : "comprenne qui voudra- moi mon remords ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés" et tirait avec panache sa révérence à l’assemblée. Il concluait ainsi une conférence de presse très gaullienne où il venait d’évoquer, dans un style d’une perfection littéraire qui était propre à ce grand érudit, l’état de la France. Il invoquait le choc de Mai 68, les accords de Grenelle, la fuite massive de capitaux et les augmentations de salaires inflationnistes difficiles à digérer, pour justifier une nième dévaluation du franc. Il est assez intéressant d’écouter sur les archives de l’INA l’extrait de cette conférence de presse (voir lien hypertexte ci-dessous). Elle pourrait être méditée par beaucoup de nos hommes (et femmes) politiques d’aujourd’hui comme un exemple de l’art et la manière de parler franc (si j’ose ce jeu de mots facile) et directement aux français, avec une pédagogie simple, sans simplification réductrice, sans agacement incongru, sans condescendance blessante, sans accumulation de chiffres inutiles, sans référence caustique et surtout dans une langue s’écoulant naturellement, simplement comme le courant d’un fleuve tranquille. Georges Pompidou a écrit une anthologie de la poésie française qu’il conclut par "c’est dire que le choix, ici plus qu’ailleurs, trahit l’auteur. Tel quel, voici le mien". Peut-on réellement douter que les choix des politiques face à la crise trahissent leurs auteurs ? Certainement pas bien sûr mais pour citer Paul Eluard en déformant légèrement sa phrase "comprenne qui pourra…".

Patrice Leterrier

2 Mars 2009


http://www.totalvod.com/videos/extraits_conference_de_presse_de_m_pompidou_22_09_1969_87349.html

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 21:41


H

ier soir, selon une stratégie parfaitement huilée, le président et son équipe n’ont laissé à personne, surtout pas aux partenaires sociaux, le soin de communiquer sur la montagne du 18 février qui venait d‘accoucher d’un souriceau chétif…La méforme du Président était criante! Tout le monde a pu voir un homme fatigué, tendu, un peu grisonnant, comme accablé par la charge qui est la sienne. Il lisait sans conviction sur son prompteur un chapelet de mesures comme une ordonnance trop remplie d’un médecin hésitant sur la thérapie idoine face à un malade en errance médicale. Les français sont assez matures pour savoir que pas plus ce président que n’importe qui en France ne peut être ce magicien que promettent sans risque quelques apprentis sorciers faisant de la détresse des français leur fond de commerce politique. Aucun n’attend de lui de miracle pour nous sortir de la crise. Au demeurant,  même si elle a des effets assez désastreux sur l’emploi et en particulier l’emploi des jeunes, elle ne touche pas encore le pouvoir d’achat des français qui – selon l’INSEE - à continuer à augmenter de 1,1% en 2008 et continuera de croitre (probablement sous l’effet d’une certaine déflation) de 0,6% au premier semestre 2009. Il pourrait facilement balayer l’argument qui consiste à opposer stupidement investissement et consommation, alors que l’intérêt premier d’une relance par la demande publique est d’offrir du travail, et donc de la consommation, à des milliers d’employés des petites entreprises et d’artisans. Au lieu de ça, Il nous assène avec une lassitude visible et une forme d’irritation la justesse de plan de relance par l’investissement, son refus certes pertinent mais impopulaire d’augmenter les bas salaires et son refrain préféré sur la religion du travail qui forcément irrite ceux qui sont menacés de le perdre. On peut discuter de ce correctif social, évalué à 2,6 milliards, au plan de 26 milliards et aux 1000 mesures. On peut s’interroger par exemple sur les mesures d’exonérations d’impôts face aux difficultés dans lesquels se trouvent les 16,5 millions de français qui ne paient pas d’impôt. Que dire du quasi silence de ce plan face au grave problème du désespoir d’une jeunesse sans avenir dont on peut voir, prémices inquiétants, les convulsions dans les Antilles comme on l’avait vu en d’autres temps dans les banlieues? Est-il réaliste de demander aux entreprises bénéficiant des crédits du plan de relance, comme le secteur automobile, de former et recruter des jeunes alors qu’ils se sont déjà engagés à ne pas licencier malgré leurs sureffectifs? Même si on peut aussi être d’accord sur l’importance des réformes, on peut s’interroger sur la méthode quand on voit le fiasco dans l’éducation et la recherche. Et puis ce n’était pas le sujet qu’il adressait avec son effet d’annonce de la réunion d’hier présentée comme le sésame de la réponse aux inquiétudes des français, reconnues légitimes par lui-même. On aurait pu aussi souhaiter par exemple qu’il prenne acte de la contre productivité des mesures qu’il avait prises, en son début de règne triomphant, sur les heures supplémentaires face aux menaces de chômage et de licenciement. Il aurait pu les suspendre à des jours meilleurs…Au fond ce correctif n’est pas à contre sens, même si on peut ça et là en regretter la timidité ou les oublis. Il a une certaine cohérence pour soulager les chômeurs et les classes moyennes. Le compte y est-il ? On peut en douter mais avons-nous les moyens de faire plus et est-il pertinent de faire autrement? Son principal défaut ne serait-il pas qu’il ne parait pas convaincre son auteur? Ce n’est pas la fracture sociale mais bien une sorte de fracture des français avec son président qui risque de se produire. Sur internet le Nouvel Observateur a lancé un sondage auquel prés de 10 000 personnes ont répondu et 74% d’entre eux "n’attendent plus rien de Sarkozy"! La traversée du désert ne fait probablement que commencer pour Nicolas Sarkozy et il n’a même plus l’opportunité de profiter de l’interrègne américain pour occuper la scène internationale.

Patrice Leterrier

19 février 2009


 

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 21:47

Crise ou fin d’une époque ?


L

a Guadeloupe a vécu une nuit de désordre et de violence. Le secrétaire d’état à l'Outre-Mer, Yves Jégo analyse dans les colonnes du Figaro qu’"il ne s'agit pas d'un mouvement de protestation sporadique, mais bien d'une triple crise. Une crise économique qui frappe toute la planète et atteint plus vite les économies fragiles, une crise structurelle liée aux dérives ultimes mais encore observables de l'héritage d'une économie 'de comptoir', et enfin, et peut-être surtout, une crise existentielle, en tout cas une crise sociétale". Le diagnostic paraît assez juste même si les réponses apportées jusqu’alors ne semblent pas à la hauteur de l’ambition proclamée. On peut ajouter aussi une spécificité liée à l’héritage esclavagiste : l’exaspération d’une exigence de dignité, du droit au respect, une revendication culturelle autre que la simple satisfaction compulsive de consommateur fébrile inféodé à l’offre concentrée dans les mains des héritiers des anciens esclavagistes. Un collectif de neuf intellectuels antillais écrit dans les  colonnes du Monde "derrière le prosaïque du "pouvoir d'achat" ou du "panier de la ménagère", se profile l'essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique)". Mais On peut trouver, dans cette exaspération paroxysmique des tensions sociales, une certaine analogie avec la situation en métropole. La crise économique y a certes moins d’impacts dramatiques car la misère – qui touche toujours trop de monde – est cependant moins répandue, le chômage ne fait pas les mêmes ravages même si les perspectives ne sont guère encourageantes dans ce domaine. Mais le point essentiel c’est au fond cette crise du sens que révèle la crise économique. Et d’abord la perte de sens du travail au point que le rêve est devenu d’en diminuer sans cesse la quantité. Il ne s’agit plus pour trop de nos contemporains d’un lieu d’épanouis-sement et de création mais bien prosaïquement d’un emploi contraignant, le balancier de l’horloge d’un temps totalement inféodé à cette exigence. On parle d’ailleurs d’emploi, comme le terme associé en finance à une ressource, pour bien en vider tout le sens humain à l’autel de la productivité triomphante. Dès lors il devient économiquement légitime d’aller chercher les meilleures offres pour cette ressource et de priver ainsi des millions d’hommes de la dignité et de la fierté d’exercer une "profession". C’est aussi, par la force des choses, la remise en cause du cercle infernal de la consommation recentrant finalement le paradigme social sur un peu plus de culturel, une sorte de retour à l’humanisme. Il est frappant de constater que la culture et les loisirs sont beaucoup moins frappés par la crise que l’automobile, la consommation courante et l’immobilier qui étaient les symboles apparents de la réussite dans notre feue société de consommation. Il est possible que ces nouveaux comportements plus économes, plus ciblés peut-être même plus réfléchis persistent quand cette crise sera passée - si elle passe…Pour reprendre les termes d’Yves Jégo, on pourrait dire que nous vivons "une crise structurelle liée aux dérives ultimes mais encore observables de l'héritage d'une économie"…dominée par les financiers. "Le vrai politique, c'est celui qui sait garder son idéal tout en perdant ses illusions". Plus que jamais cette phrase de John Fitzgerald Kennedy est d’actualité.

Patrice Leterrier

17 février 2009


 

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13 février 2009 5 13 /02 /février /2009 21:51
Liyannaj kont pwofitasyon

E

n créole guadeloupéen ça signifie rassemblement contre l’exploitation. C’est le nom du mouvement à la tête de la révolte en Guadeloupe. La Guadeloupe est en flamme, la Guyane n’est pas en reste après le bras de fer sur les carburants, la Martinique est en train de la suivre, la Réunion ne restera pas très longtemps silencieuse. Des pyromanes irresponsables, voulant capitaliser sur ce mouvement, prévoient une contagion en métropole alors que les raisons de la colère sont bien spécifiquement locales, historiques et structurelles. Depuis toujours la petite minorité békés (Martinique) ou blanc-pays (Guadeloupe) confisque le pouvoir économique dans les Antilles françaises. Par exemple, trois grandes familles possèdent 40 % des grandes surfaces en Martinique. Les békés contrôlent les circuits d’importation et sont en situation de quasi-monopole dans l’industrie agroalimentaire. Alors que 15 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et que le chômage atteint des taux records (22,7 % en Guadeloupe et 21,2 % en Martinique), les denrées alimentaires de base sont à des prix sans commune mesure avec ceux que nous connaissons en métropole. En Martinique, le kilo de pâtes coûte plus du double qu’en métropole. Même la banane, l’un des derniers produits d’exportation, est 40% plus chère. Les industriels mettent en avant les coûts de transport, les taxes comme l’octroi de mer, le coût du stockage (en moyenne 3 mois), les coûts salariaux (moins d'automatisation, plus de main d'œuvre due à l’étroitesse du marché), le surcoût engendré par les grèves du port, etc… La Martinique ne compte que 400 000 habitants et l’étroitesse du marché pèserait aussi sur les coûts de production en dépit de l’avantage apporté par la défiscalisation qui leur permet  de déduire les investissements productifs des impôts. Même si les écarts de salaires entre la métropole et les Antilles ont finit par disparaître, la situation n’a guère évoluée depuis la libération et la départementalisation. Les gouvernements, qui se sont succédés, ont toujours favorisé l’assistanat pour calmer les révoltes et étouffer les velléités d’indépendance. Il y a aussi le scandale du Chlordécone. Ce pesticide luttant contre le charançon du bananier a été interdit aux États Unis dès 1976 à cause de sa toxicité. Il est reconnu cancérigène depuis 1977. Il sera malgré tout autorisé en France en 1972 pour n’être interdit qu’en 1990. Il a contaminé la moitié des terres de la Martinique et les planteurs de bananes, majoritairement des békés, ont obtenu des dérogations jusqu’en septembre 1993. Il a durablement pollué les terres, les rivières, la flore et la faune marine. Il est probablement la cause d’un taux anormal de cancers de la prostate en Martinique. Aujourd’hui, 50 % des cancers des hommes en Martinique concernent la prostate, ce qui représente le 2ème taux mondial après les Etats-Unis, par ailleurs premier consommateur de pesticides au monde. Le 10 mai 2001, la France a enfin reconnu comme crime contre l’humanité l’esclavage et la traite qui a permit aux ancêtres des actuelles familles békés de construire leur empire. Les plus extrémistes des révoltés réclament une redistribution des terres dont ils estiment avoir été spoliés et des sommes astronomiques en réparation du préjudice subi par les anciens esclaves. Le gouvernement renvoie les partenaires sociaux dos à dos pour résoudre le conflit sur les salaires. Il n’est pas sûr qu’il puisse durablement se dédouaner ainsi de la responsabilité historique de la nation envers les populations locales tellement habituées à obtenir les aides de l’état providence. Et puis il y a ce reportage diffusé le 6 février sur Canal+ intitulé Les Derniers Maîtres de la Martinique (voir lien hypertexte ci-dessous) où en entend Alain Huygues-Despointes, un des "békés" regretter que les historiens ne s'intéressent pas "aux bons côtés de l'esclavage" et expliquer "vouloir préserver sa race". "Quand je vois des familles métissées avec des Blancs et des Noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie". Même si ce vieux fossile à moitié sénile, caricatural et un peu piégé par la malice du reporter, ne peut représenter l’opinion de sa caste, ces propos ne sont pas vraiment de nature à apaiser un climat déjà explosif !

Patrice Leterrier

13 février 2009

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