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’Afghanistan est un pays coincé au nord par le Turkménistan, l'Ouzbékistan, et le Tadjikistan, à nord-est par la Chine, à l’est et au sud par le Pakistan et à l’ouest par l'Iran. Une grande partie de son territoire est composé de hauts plateaux ou de hautes montagnes faisant partie de la chaîne de l'Himalaya. L’Afghanistan est un pays en guerre depuis des décennies. C’est aussi ce pays où, sous le règne de talibans, les exécutions publiques, les lapidations, les mutilations de toutes sortes et les flagellations étaient monnaies courantes, où les femmes devaient être entièrement couvertes par la burqa et ne pouvaient quitter leur maison qu'accompagnées de leur mari ou d'un parent proche. Ceux sont ces talibans qui dynamitèrent les statues de bouddhas géants de Bamiyan, vieilles de quinze siècles. L’Afghanistan c’est aussi le pays qui fournit avec l’Érythrée et les Kurdes irakiens l’essentiel des 700 réfugiés clandestins qui s’entassent dans la jungle, un terrain situé près du port de la ville de Calais. Ils rêvent tous de rejoindre l’eldorado que représente pour eux la Grande Bretagne. Généralement, les candidats à l’immigration arrivent sur les docks de Calais et se font arrêter avant d’avoir pu se cacher dans un camion ou après. Relâchés par les autorités françaises au bout de quelques jours, ils reviennent à Calais et tentent leur chance une nouvelle fois. Il y va pour eux souvent de leur vie s’ils étaient refoulés vers leur pays d’origine. Un migrant afghan récemment reconduit par l’Australie, Mohammed Hussain, a été kidnappé, torturé puis décapité. Ils ont payé très cher des passeurs sans scrupule et se retrouvent livré à eux-mêmes dans des abris de fortune. Les humanitaires cherchent à faire, comme ils peuvent, leurs œuvres de compassion et d’assistance. Les autorités cherchent à démanteler les réseaux de trafiquants et de passeurs. Les associations humanitaires dénoncent une loi datant de 1945, jugée par beaucoup comme obsolète, qui fait de l'aide aux personnes en situation irrégulière un délit passible de 5 ans d'emprisonnement et de 300.000 euros d'amende. Welcome le dernier long-métrage du réalisateur français Philippe Lioret, décrit l'histoire de Simon (Vincent Lindon), maître-nageur à Calais arrêté par la police après avoir pris sous son aile un jeune Kurde sans papiers. Eric Besson dénonce le film en fustigeant "le vocabulaire qui est issu de la Deuxième Guerre mondiale, traque , rafle , assimilation aux Juifs en 1943". Il affirme que la loi incriminée n'est appliquée qu'aux passeurs et non aux bénévoles. Ces polémiques franco-britanniques, ces débats passionnés où les parties rivalisent de mauvaise foi, cette réalité du business de la misère exploitée par des criminels font hélas trop oublier, qu’au bout de cette chaine du désespoir, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui avaient rêvé d’un monde accueillant pour eux quand ils ont fui l’horreur. Quel triste spectacle nous leur offrons avec nos forces de l’ordre, nos débats de juristes et nos querelles de nantis !
Patrice Leterrier
27 Avril 2009