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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 10:30

 

foire-aux-santons.jpg


 

O

 

h Zé ! Reste pas là planté comme un santibelli, tu as l’air tout estransiné comme si tu venais de faire une grosse cagade.

Mais que viens faire dans cette apostrophe un santibelli, que les forains italiens vendaient aux alentours du vieux Port pour faire concurrence aux santons de Provence que l’on pouvait à l’époque admirer dans les échoppes des santonniers le long des allées de Meillhan en haut de la canebière ?

Parce qu’à Marseille rester comme un santon (du provençal santoùn "petit saint") ou un santibelli c’est rester immobile comme le sont ces figurines que l’on vit introduire par les moines franciscains dès le XIIIème siècle en Provence.

Il faut dire que l’on prête à Saint François d’Assise d’avoir pour la première fois mis en scène une crèche vivante avec des personnages et des animaux lors d’une messe de minuit à Gréccio en 1223 dans la forêt des Abruzzes en Italie.

La tradition se répandit dans toute l’Italie et surtout dans la région napolitaine.

Les révolutionnaires qui, à l’époque de la terreur orchestrée par Barras et Freron, voulurent priver Marseille de son nom pour la punir, interdirent également la messe de minuit et les crèches dans les églises.

Les marseillais, qui ont toujours détesté qu’on leur interdise quoique ce soit, restèrent fidèles à leurs traditions en créant des crèches publiques que leurs auteurs faisaient visiter  et petit à petit l’usage s’installa de réaliser sa propre crèche dans chaque foyer donnant ainsi naissance au métier de santonnier.

Le peintre et sculpteur Louis Lagnel, eut le premier l’idée de concevoir en 1798 les premiers moules en plâtre pour fabriquer ses santons.

Il s’inspira pour ces figurines des nombreux petits métiers de la rue qu’on exerçait à Marseille à l’époque.

Grâce à ses "santons d'un sou", il permit enfin à chacun de posséder sa propre crèche.

Marseille, devenue capitale santonnière se mit à organiser des foires annuelles qui se tenaient traditionnellement à l’époque de Noël.

La première eut lieu en 1803 sur le cours Saint Louis, devenu de nos jours cours Belzunce.

Elles se sont ensuite ouvertes pendant des décennies au son du fifre et du tambourin le long des allée de Meilhan.

Cette partie haute de la Canebière fût aménagée en 1775 par la volonté de l’intendant de Provence, Sénac de Meilhan.

Elle s’appelait à l’origine cours des Lyonnaises à cause du couvent du tiers ordre de Saint-François dépendant de la maison de Sainte-Elisabeth à Lyon et établi en 1687 à l’emplacement du théâtre du gymnase.

Par la séance du 8 Avril 1775, le conseil municipal décida de lui donner le nom de Meilhan qui "tout en faisant les délices des marseillais, perpétuent le souvenir du respectable magistrat à qui ils les doivent"(1).

Après une courte escale en 2005 sur le cours d’Estienne d’Orves, construit sur l’emplacement de l’ancien canal de Rive-Neuve, la foire revint aux allées de Meilhan pour s’installer de nos jours en bas de la Canebière sur la Place Charles de Gaulle qui connut de nombreuses appellations de place de la paille au temps de l’arsenal des galères, parce qu’elle servait à parquer les mulets, jusqu’à Place de La Bourse avant qu’elle prenne le nom du général à sa mort, lors d’une délibération du conseil municipal du 16 novembre 1970.

Mais si vous voulez vraiment connaître la vraie histoire de la pastorale provençale, il vous suffit de prêter l’oreille à l’ange Boufarel (ou boufaréou) pour percer les mystères plus que bicentenaires de la crèche provençale.


Patrice Leterrier

27 décembre 2013

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(1) : Evocation du vieux Marseille André Bouyala d’Arnaud Les Editions de Minuit

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