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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 16:18

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L

ors de la dernière émission de François Busnel "La grande Librairie", Jean d’Ormesson repose à Hubert Reeves, devant l’incroyable "réglage de l’univers", la question de l’horloger de Voltaire :

"L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer

Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger."

C’est une autre façon d’énoncer l‘interrogation de Leibniz "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" qui n’est d’ailleurs pas plus éclairante que son inverse "Pourquoi n’y aurait-il rien, pourquoi l’univers n’aurait-il pas toujours été ? ". 

Cette réponse de Voltaire relève du domaine des croyances et n’est bien sûr en aucune manière la preuve rationnelle de l’existence de Dieu pas plus que les vagabondages métaphysiques de Stephen Hawkins dans son livre "the grand design"dont Etienne Klein s’amuse en disant "Si la gravitation suffit pour créer l’univers, pourquoi ne pas dire que la gravitation, c’est Dieu ? Toute chute serait alors une expérience transcendantale." 

A cette interrogation, presqu’aussi vieille que l’histoire de l’homme, la réponse de l’astrophysicien Hubert Reeves mérite qu’on s’y arrête.

Il s’interroge si, devant cette réalité qui nous dépasse de toute part, on ne doit pas simplement admettre que notre cerveau n’est pas en mesure d’aborder l’énigme impénétrable du sens de l’univers dont on constate la succession de fins réglages nécessaires pour aboutir à l’existence de la vie ?

Il y avait le chat de Schrödinger, il y aura peut-être aussi un jour celui d’Hubert Reeves qui, pour illustrer sa pensée, prend comme exemple notre incapacité à enseigner la géométrie à un chat en dépit de toute envie et de toute l’énergie que l’on pourrait mettre à essayer de le faire.

Il ajoute "nous sommes devant le mystère du monde dans une situation analogue à celle du chat : notre esprit n’est pas en mesure de s’adresser à l’ensemble de ces problèmes." 

Au fond il complète la vision des limites de la connaissance scientifique du physicien Michel Spiro, "nos théories physiques exprimées en langage mathématique sont le produit de l’activité humaine. Et même les maths, montre le théorème d’incomplétude de Kurt Gödel, ne surgissent pas d’elles-mêmes, elles reposent sur des axiomes non démontrables. "

On rejoint dans cette vertigineuse évidence de notre incapacité à comprendre "le sens" de l’univers la fameuse phrase de Pascal "le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie." 

Mais ce silence n’est-il pas aussi paradoxalement une sorte de vacarme assourdissant des innombrables mystères que l’univers nous invite à percer et dont nous ne percevons qu’une infime partie, des bribes de mots, des débuts de phrases qui ne peuvent jamais combler l’impuissance et l’effroi dont parle Pascal devant notre incapacité à saisir le tout ?

Et Dieu dans tout ça ?

Dieu, que se soit celui de Saint Augustin, de Pascal, de Spinoza, de Teilhard de Chardin ou celui du charbonnier, ne sera jamais un objet de science et le silence éternel des espaces infinis ne peut apporter aucune réponse.

A chacun de construire la sienne face aux évidentes limites de la connaissance rationnelle et bien impuissant serait celui qui voudrait convaincre quiconque d'abandonner ses croyances au nom de la raison.

Car comme le dit le philosophe Jean-François Robredo "depuis Galilée,  philosophes et scientifiques savent que le mélange comme l’opposition entre science et religion sont stériles".


Patrice Leterrier

19 octobre 2013

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commentaires

G
accepter l'hypothèse du hasard et du néant? voire nous y complaire, c'est renier la vie ! c'est nous renier nous-même en tant qu'être humain ! tant de vies pour rien, ne serions nous que le creux du néant, <br /> certitude d'un inconditionnel je ne dirais pas Dieu mais une transcendance et la rigidité d'un athée, est-ce qu'il y a de la place dpour le doute ? Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt de rien ?
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P
bonjour<br /> voilà un débat complexe, sinon compliqué dans lequel je ne saurais mettre mon grain de sel; mais je retiens, et je fais mienne, la phrase de Voltaire...
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