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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 21:46

 

transhumanisme.jpg

 

U

 

ne scène de la guerre du feu m’horripile particulièrement.

Alors qu’après tout nous n’avons eu qu’à récolter les énormes efforts d’évolution de nos ancêtres qui nous ont légué dans une lutte terrible avec le milieu ce cortex frontal dont nous sommes si fiers, comment ne pas s’indigner de voir nos ancêtres représentés comme des débiles obsédés sexuels qui se jettent sur leurs femelles à la simple vue de leurs arrière-trains.

Nous ne savons rien sur les rituels de séduction de nos ancêtres mais ce que nous savons c’est qu’il nous serait bien difficile de les battre à la chasse.

Ils étaient après tout sûrement aussi bien voire mieux adaptés à leur milieu que nous le sommes.

Certains me feront justement remarquer d’ailleurs que beaucoup de mâles de l’espèce homo sapiens ne sont pas beaucoup plus avancés en termes de sexualité.

Certes l’évolution laisse encore une place prépondérante à notre cerveau reptilien et l’action de la testostérone reste toujours aussi débilitante chez la plupart des hommes qui se comportent souvent comme le pauvre loup de Tex Avery.

Et pourtant l’homme moderne s’est multiplié dans les 100 000 dernières années de sa formidable saga à un rythme incroyable reculant sans cesse l’emprise des maladies et sa durée de vie.

Cette incroyable expansion a donné à l’évolution un champ immense d’expression mais paradoxalement de moins en moins de chance qu’elle ne s’exprime ou plus exactement qu’elle ne se traduise par une sélection naturelle au sens darwinien du terme.

L’aventure d’homo faber devenu maître de son environnement et bientôt de sa destinée génétique par sa technologie n’arrive-t-elle pas à son terme (peut-être pas le 21 décembre 2012) avec ses incroyables possibilités qui s’offrent à lui pour prolonger la vie, pour se réparer par des prothèses qui mêleront de plus en plus les progrès de la robotique, de la bio-ingénierie et des nanotechnologies, voire de multiplier nos capacités naturelles ?

Ne voit-on pas déjà des précurseurs de réalité augmentée se profiler à l’horizon sous forme de lunettes interactives, de casques de vision à 360° et d’autres augmentateurs de nos capacités naturelles sans compter ces jeux interactifs dont se gavent la génération des "digitales natives" ?

Faut-il pour autant tomber dans l’utopie de la transhumanité qui prévoit que la technologie dominera l’univers et pourra se passer de l’avatar fragile et biologique que fût l’homo sapiens dans son bien court passage sur la terre ?

Une sorte de monde cybernétique dont la finalité serait d’atteindre l’éternité, résurgence fantasmatique de l’utopie dominante des religions nous promettant une vie éternelle.

Sans aller jusqu’à ces extrémités susceptibles d’accroitre l’inquiétude face à la prégnance de la technologie sur notre environnement, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui déjà le fameux test d’Alan Turing qui donnait comme preuve d’une intelligence artificielle notre incapacité à faire la différence entre un homme et un robot est bel et bien en train de se renverser.

Il est parfois bien difficile de faire la différence entre un homme et un robot lorsque nous discutons avec un interlocuteur dont le comportement avec nous est guidé par un logiciel.

Il n’y a qu’à faire un 36 machin ou rentrer dans une de ces échoppes bourrées de prothèses communicantes pour avoir une éclatante démonstration de cet envahissement d’un langage technoésotérique,une déshumanisation de la relation.

On assiste à la peur panique de certains devant cette incapacité de digestion de la technologie envahissante.

L’homme n’a jamais renoncé à la technologie mais la question n’est-elle pas plutôt aura-t-il aujourd’hui la sagesse de la tenir à distance ?

Sera-t-il mieux résister que l’obsédé sexuel de la guerre du feu à l’illusion de toute puissance sur son environnement ?

Patrice Leterrier

6 décembre 2012

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