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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 13:56

 

 

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J

 

e ne vous parlerai pas de l’aventure du robot Curiosity qui poursuit à une allure testutinesque sa marche sur la planète rouge en direction du mont Sharp à la recherche de trace de vie. Selon la Nasa, il lui faudra au moins trois mois à raison de cent mètres par jour pour atteindre son but distant de huit kilomètres.

Je passerai aussi sous silence cette stupéfiante nouvelle que le jus de tomate est meilleur en altitude que sur le plancher des vaches. C’est du moins ce qui ressort de l’étude menée par des chercheurs de l'Institut Fraunhofer de Physique des Bâtiments, pour le compte de Lufthansa.

Je ne m’attarderai pas non plus sur les travaux de l’équipe d’Armin Falk, de l’Université de Bonn, et des collègues de l'Université de Maastricht qui nous révèle cette incroyable nouvelle que la testostérone rend les hommes plus sincères.

Je ne soulignerai pas plus l’alerte sanitaire suite à dix huit cas d’intoxication alimentaire survenus dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à cause de farines de sarrasin bio.

La nouvelle n’a pas fait la une du nouvel observateur alors qu’il ne s’agissait pas de rats de laboratoire supposés victimes de maïs transgénique mais bien d’humains victimes d’une intoxication potentiellement grave au datura, une "mauvaise herbe" invasive présente au bord des champs mélangée au sarrasin lors de la moisson. Une seule graine de datura pour 100 000 graines de sarrasin suffit pour rendre la farine toxique. La cause de cette contamination est clairement la culture bio du fait de la non-utilisation d’herbicides.

Je ne vous parlerai pas d’avantage de cette constatation bouleversante faite dans une étude américaine que la consommation de chocolat est directement liée au nombre de lauréats de prix Nobel et qu’à ce titre la Suisse avec 12 Kg par an et 22 prix Nobel arrive largement en tête.

Je ne vous entretiendrai pas du grave sujet de savoir si, malgré l’extraordinaire prégnance de la science et de la technologie, l’évolution d’homo sapiens continue ni de savoir quelle est l’influence de la culture sur notre évolution génétique : Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue à l'institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne) y répond dans les colonnes du Figaro.

Je n’ajouterai pas mon indignation à celles beaucoup plus qualifiées des sismologues devant l’ahurissante condamnation prononcée à l’encontre des experts n’ayant pas prévus le drame du séisme d’Aquila.

La nouvelle que je souhaite porter à votre connaissance, alors que je devine  votre impatience après cet inventaire fastidieux, c’est la surprenante découverte de Karina Fonseca-Azevedo et Suzana Herculano-Houzel, sémillantes neuroscientifiques Brésiliennes.

La question simplissime à l’origine de leur étonnante découverte est de comprendre pourquoi les plus grands primates comme les gorilles qui nous surpassent en terme de taille et de capacités physiques n’ont-ils pas de plus gros cerveaux que celui d’homo sapiens ?

Pourquoi les êtres humains possèdent en moyenne 86 milliards de neurones alors que les gorilles se contentent de 33 milliards et les chimpanzés de 28 milliards ?

Le prix à payer de cette richesse neuronale est que notre cerveau consomme 20 pour cent de l'énergie utilisée par notre corps au repos alors que les autres primates n’ont besoin que de 9 pour cent.

Dans les années 1990 le primatologue Richard Wrangham avait déjà émis l’hypothèse que le cerveau de notre ancêtre, l'Homo erectus, a commencé à se développer il y a environ 2 millions d’années au moment où il a appris à rôtir la viande et à cuire les légumes-racines tubéreuses.

Pour vérifier cette thèse, les neuroscientifiques brésiliennes ont compté le nombre de neurones dans le cerveau de 13 espèces de primates (et plus de 30 espèces de mammifères). Elles ont constaté que la taille du cerveau est directement liée au nombre de neurones dans un cerveau, et que le nombre de neurones est directement corrélé à la quantité d'énergie (ou calories) nécessaire pour nourrir le cerveau.

Pour fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement de son cerveau avec des aliments crus non transformés, l’homme devrait consacrer 9,3 heures par jour à se nourrir !

La cuisson des aliments est la solution trouvée par l’homme pour s’affranchir de cette limitation et c’est probablement une des causes majeures de l’extraordinaire taille du cerveau humain qui fait d’ailleurs que le petit d’homme est aussi peu mature lorsqu’il sort du ventre de sa mère.

Gloire donc à ces premiers apprentis cuistots qui ont découvert le feu et la saveur des aliments cuits.


Patrice Leterrier

25 octobre 2012

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