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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 19:56

G des doutes…

Pays membres ou associés au G20

C

omment ne pas être perplexe devant l’unisson de louanges qui vont du 20 sur 20 attribué par la Tribune à la "Symphonie du nouveau monde" titre grandiloquent d’Etienne Mougeotte dans le Figaro en passant par "le G20 fondateur" du journal le Monde? Je passe sur le lyrisme courtisan du rédacteur en chef du Figaro affirmant sans complexe que "le mérite en revient à Nicolas Sarkozy, qui a su ranimer l’axe franco-allemand" en parlant des mesures de régulation (liste de paradis fiscaux, contrôle des agences de notation, hedges funds, rémunérations des patrons et des traders). C’est grandiose de suffisance franchouillarde et c’est faire bien peu de cas d’Angéla Merkel. C’est surtout oublier un peu vite l’agilité d’un Barak Obama qui a su à merveille passer outre les postures provocantes et amener un consensus sans rien céder sur le fond de la position des états unis. Le succès de ce sommet vient justement du sens des responsabilités des uns et des autres (y compris bien sûr Nicolas Sarkozy) et c’est faire de la politique de comptoir que de vouloir tirer la couverture au président français pour méritant qu’il soit en l’occurrence. Ce succès est incontestablement une bonne nouvelle mais pour autant il faut comme d’habitude raison garder. Il faut consulter l’expansion pour trouver un point de vue un peu moins exalté, j’oserai dire un peu plus conséquent, avec l’interview de Philippe Dessertine, professeur de finances à l'université Paris X-Nanterre et directeur de l'IHFI, qui nous rappelle simplement que "l'accord du G20 n'amorce pas une sortie de crise". Il y a aussi le contrepied original de Jacques Attali sur son blog  qui fait dans l’analogie en écrivant que "tout se passe comme si les alcooliques anonymes, tout heureux de leurs bonnes résolutions, avaient décidé, au sortir de leur réunion, de prendre un dernier verre. Pour la route". Même si son souci obsessionnel d’originalité peut le conduire à tous les excès, il pose cependant une question fondamentale : "Comment alors  espérer résoudre une crise de la dette en augmentant   la dette ?" et il répond avec une certaine cohérence et crédibilité "A terme, par l’argent des contribuables !". On peut bien sûr lui rétorquer que c’est faire peu de cas des effets positifs d’une hypothétique confiance retrouvée et de l’effet d’entrainement d’une relance ciblée. On ne peut en tout cas que souhaiter qu’il se trompe. Sinon les générations futures auront à payer pendant des décennies les intérêts et le principal de cette immense fuite en avant à la recherche de la croissance perdue. Qui se souvient des airs contrits et impuissants du Président nous annonçant que les caisses étaient vides et de son premier ministre, ne pouvant qu’en rajouter, nous dire que la France était dans un état de quasi-faillite? Mais c’était avant la crise, avant ce tsunami de milliards d’euros apportés en garanti aux banques et déboursés pour sauver l’industrie automobile française (souhaitons que ce ne soit pas en pure perte!). Bien sûr le renforcement considérable des moyens du FMI et de la Banque Mondiale donnera des degrés de libertés qui pourront, le cas échéant, servir aux oubliés de ce sommet et singulièrement à l’Afrique Noire (voir carte ci-dessus…). Il me semble qu’il convient de saluer cet unisson avec optimisme mais circonspection. Attendons donc avec espoir mais sans vaine illusion les éventuels effets de ces mesures sur la reprise. Réjouissons-nous bien sûr de cette remarquable unanimité mais gare à la gueule de bois après ce dernier verre pour la route…


Patrice Leterrier

3 Avril 2009

 

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